Guillaume Le Borgne

Pour Mémoire de Racine(s), j'ai voulu jouer avec deux matériaux très présents autour de la bergerie : le bois et le métal. Assemblant des bûches de différentes essences, j'ai reconstituer un arbre dans la parcelle, nommée le champs de la Bergerie, où Anne et son père ont abattu et dessouché 150 chênes avant le début de l'activité. Détournant la forme de l'arbre, je l'ai couché pour que les branches deviennent un système racinaire et que le mélange des matières, qui sont rigides, donnent l'aspect d'une forme molle. Ici le métal sert à créer l'assemblage mais donne aussi la sensation de prothèse comme si on avait voulu raccommoder l'arbre. Le câble acier qui traverse le tronc peut faire penser à l'image du lierre qui se répand autour des végétaux, mais est aussi un clin d'oeil aux câbles que l'on utilise pour dessoucher.
Pour détacher la sculpture dans le paysage, j'ai décidé de peindre le bois en jaune ocre, en contraste avec le métal rouillé, qui dans notre quotidien lui est peint contrairement aux matières naturelles. Cette couleur reprend celles que l'on peut voir sur des machines ou objets agricoles.
Dans cette ferme un des tracteurs, le gyrobroyeur, la fendeuse à vis ou encore les piquets de clôtures sont dans ces tons. Cette couleur donne un coté vivant à ces morceaux de bois coupés, comme la courbure du tronc qui interroge sur la position de l'arbre. Est il en train de tomber ou de se relever ?
Installée à cet endroit de la ferme, en relation avec l’anecdote des arbres coupés, la pièce va connaître, au cours du mois, des changements. La peinture va se patiner, l'herbe de la prairie va pousser et les feuilles des arbres voisins vont, en tombant, la recouvrir.