Ma pratique s’articule principalement autour du dessin mêlant divers outils, crayons de couleur, peinture en bombe, mine graphite, et différents registres graphiques, parfois plus rapide et expressif ou bien plus pop et léché.
Nourris de récits, autant personnels que littéraires, cinématographiques ou musicaux, la narration occupe une place centrale dans ma pratique.
Les histoires débordent et infectent mes dessins, on peut y croiser Harmony Korine, claquant la bise à Rihanna, derrière, au loin, j’entends Olivier Py crier. Sur le sol, des livres traînent, se prennent dans mes pieds, je shoote dans Je sors ce soir de Guillaume Dustan, sur son passage il entraine et fait voler une reproduction d’un dessin de Soufiane Ababri. Elle retombe proche de celle d’une peinture de Florian Krewer, sali, la trace de mes semelles en partie imprimée pardessus, et sur la feuille d’à côté aussi, une peinture de Bel Fullana. Plus loin, en boule, froissé, dans un coin, Tom Of Finland. Désolé Tom.
L’univers déployé se revendique comme queer, flirtant parfois avec le bizarre, l’étrange, souvent emprunt d’homoérotisme. Des images également ancrées dans une banalité du quotidien, capturant sans hiérarchie les instants les plus ordinaires et les plus extraordinaires. Du simple dormeur aux voitures en feu, alliant les plus petits gestes aux plus grands. Des actions et des événements représentés frontalement, cette personne qui fume, clope à la bouche, mais aussi narré par ce qui est à leurs marges, par un détour, ce sous-vêtement traînant au sol.
Les ambiances retranscrites, souvent festives, nous confrontent à des corps parfois esquissés rapidement, en tension, en urgence de vivre toutes sortes d’expériences. Par à-coups, ces images débordent sur la réalité, se déploient dans l’espace, forment des fragments de décor, dévoilant une ambiance plus théâtrale.
Cet univers, déployé d’abord plastiquement, a débordé pour ensuite se transvaser dans une pratique de l’écriture. Il a donné naissance au manuscrit de mon premier roman.