" Le matin en visière, face au soleil, il nota qu'il était tombé dans une sorte d'îlot triangulaire, long de deux cents mètres environ, terrain vague entre trois voies convergentes. Le sommet du triangle pointait vers l'ouest, vers le soleil couchant dont la chaude lumière baignait au loin les studios de la Withe City. La base en était formée par le pont que d'énormes pilliers élevaient à plus de vingt mètres du sol. Les six voies étaient invisbles derrière une paroi de tôle ondulée qui surplombait le périphérique. Dans son dos, le rempart nord de l'île: les douze mètres de remblai, le talus en pente raide de bretelle d'accès à trois voies qui faisait une boucle vers le nord ouest, sous le pont, pour rejoindre le périphérique à la pointe de l'île. Cette pente récemment gazonnée n'était pas à plus de cent mètres. Elle semblait pourtant se dissimuler derrière la lumière surchauffée, l'herbe sauvage, les carcasses à l'abondon, les vagues échafaudages. Des voitures roulaient vers l 'ouest en face de Maitland, mais les glissières de sécurité métaliques cachaient l'île au conducteurs. Trois grands mats de panneaux indicateurs s'élevaient sur les caissons cimentés au bord de la route"
Extrait de L'ïle de béton écrit par J.G. Ballard
Ce texte peut résumer les bases de mes préocupations plastiques. Il évoque la ville, les chantiers, les échafaudages, le rapport au vide, la science fiction, la série B, la déambulation, l'accident, l'enfermement, des structures vertigineuses, la périphérie, la géographie, le téritoire, l'île, les corridors, l'uchronie...