"Contre la barrière"
Film
2019
textes extrait du catalogues collectifs A Bout de mer, une recherche entre mer et terre, publication de l’EESAB-site de Brest à l’occasion du projet de recherche éponyme menée par Sylvie Ungauer artiste et enseignante et Camille de Singly, historienne de l’art et du design
Les sons et les images montés pour réaliser ce film ont été capturés à Océanopolis à Brest, immense aquarium à vocation autant scientifique que touristique. Dans cet espace, comme dans beaucoup d’autres dumême genre, on cherche avant tout à offrir au visiteur un point de vue exceptionnelsur la faune et la flore marines. tels des écrans ouvrant sur ces décors aquatiques mis en scène, les vitres des aquariums sont omniprésente. Dans le même temps, même si elle permettent au visiteur d’être physiquement et visuellement au plus près de l’animal, elles instaurent une nouvelle forme de distance. Ici, tout est artificiel : les espaces naturels sont complètement recomposés et constituentune série de dioramas devant lesquels le visiteur découvre animaux et plantes installés dans ces impressionnants décors marons.
Le montage sonore du film pointe ce paradoxe : d’un côté la volonté de preserver, de faire découvrir, d’apprendre, de surprendre, et de d’un autre côté la nécessité de fabriquer et de figer le vivant. Le son de la vidéo reprend la déambulation proposée dans les trois pavillons d’Oceanopolis, où on passe des eaux tropicales à l’arctique, avant de finir devant les bassins consacrés à la Bretagne, avec un détour par les zones non ouvertes au public. La bande-son de la vidéo raconte ces différents contextes et temporalités rassemblés sous un même toit, tout en nous plongeant dans les conversations et réactions des visiteurs enregistrées par Théo Sauvé.
En traversant les espaces du parc marin, on assiste finalement à un spectacle où l’animal, tel un acteur contraint, rejoue sans cesse sa condition d’animal. À l’écranse succèdent un poisson Napoléon, des phoques, ainsi que plusieurs bancs de poissons de petite taille ; les scènes s’enchaînent et se ressemblent, à l’image des mouvements incessants de va-et-vient des animaux dans les bassins. Le recours au plan-séquence fixe cependant le regard sur l’animal, qui devient peut-être à nouveau lui-même. Et c’est justement la durée de ces plans qui permet de prendre conscience de l’écart - à la fois spatial et sensoriel - entre l’animal dans l’eau, le visiteur du parc et le spectateur de la vidéo.
Film,
Durée : 15'
Réalisation, image et son : Théo Sauvé