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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Tamara Lang

«prendre son temps, faire attention, observer, (se) rencontrer, échanger, écouter, apprendre, transmettre, prendre soin, lier, cohabiter, co-créer, construire, récupérer, assembler, rassembler, soutenir, manifester, raconter, partager, célébrer, jouer, rêver, essayer, refaire»

Ma pratique est traversée par des questions relatives à ma place et mon rapport aux autres, à nos manières de (co)habiter, de partager des territoires, aux relations entre art contemporain et lien social, à l’organisation, la pédagogie et à la fonction d’une école d’art, ainsi qu’à la création à plusieurs. Ma démarche se situe dans la manière singulière et sensible de m’intéresser et de m’impliquer dans ce qui fait sens dans un contexte à un moment (des relations, des personnes (au sens des êtres vivants), des activités, des lieux). J’aime connecter des images que je (co)crée ou compile avec des récits d’expériences et de fiction que je cherche à construire et raconter. J’élabore des formes qui génèrent des situations alter, au sens que celles-ci nous déplacent au-delà des croyances, positions, certitudes, définitions, habitudes auxquelles nous nous attachons toustes. Autant de récits alternatifs
et de tentatives hétérotopiques qui proposent de rendre palpables l’émergence de nous -composites, temporaires, fragiles, contradictoires -, et ce qui nous fait tenir ensemble, ce qui nous relie, ce qui fait commun. De ce fait, travailler en tant qu’artiste est pour moi un moyen de composer avec une posture et des pratiques hybrides, transversales et intermédiaires, d’essayer de déjouer ce qui fait (op)pression et autorité par le biais de la fiction et et la création de dispositifs et outils dans des situations collectives.
Je conçois ma pratique comme une constante recherche à imaginer des nouvelles formes de l’être ensemble, de co-vivre et de co-créer.

Depuis 2016, mon travail artistique s’est constitué à partir de la captation subjective, sous forme de notes libres dessinées et écrites quotidiennement dans des carnets, de ce qui constitue ma vie personnelle, mon parcours en tant qu’étudiant.e en école d’art et de jeune artiste : les rapports avec les étudiant.e.s, les enseignant.e.s, les rencontres, le processus créatif, les espoirs et les rêves, les doutes et les contraintes, le jeu et le plaisir, le cadre de l’école et notre émancipation de celui-ci, les initiatives étudiantes, etc. J’ai construit, en collectifs (comme celui des Habritemps créé en 2016), de nombreuses cabanes dans la ville et dans mon école d’art mais aussi participé à des chantiers à la Zone A Défendre (ZAD) de Notre-Dame des Landes (France). Lors de mon échange en Colombie (à l’Université d'Antioquia de Medellín), j’ai participé à des chantiers d’éco-construction. J’ai commencé également à utiliser le dessin comme moyen d’investir différents espaces, qu’ils soient éditoriaux ou muraux, afin de créer des espaces graphiques et narratifs immersifs, stimuler la rêverie et les réflexions, et favoriser les rencontres, les discussions et les activités.