Au croisement de l'art, de la science et de la technique, Sylvain Lorain insufle la vie à des matières inertes et exploite leurs possibilités de métamorphoses. Explorant le potentiel narratif, poétique et sentimental des objets, il construit à partir de matériaux récupérés (fils de fer, chutes de charpente, moteurs d’occasion…) des sculptures à l’esthétique bricolée, en équilibre précaire et souvent mobiles.
Fasciné par les débuts du cinéma et ses procédés illusionnistes, l’artiste agence des petits théâtres d’objets, la plupart activée par le spectateur, un mécanisme électrique ou une action chimique. Entre poésie et absurde, chaque oeuvre décrypte et encapsule un principe ou un mouvement : deux bouches en bois s’embrassent, un doigt touche un écran puis se retire… Obsédé par cette étincelle de vie qui anime toute chose, l’artiste capture des instants - surgissements poétiques dans le réel - pour mieux les disséquer et s’en émerveiller. Sylvain Lorain accorde à cet égard autant d’importance au mouvement/image qu’au mécanisme qui permet son apparition. Il montre l’envers des décors et rend visible les procédés formels activant ses sculptures-machines. Ce parti-pris n’a pourtant pas vocation à dé-poétiser le réel en en proposant une vision purement mécaniste, au contraire. Il donne à chaque agitation, même la plus simple, une vertu insondable. Les boucles de mouvement proposées par l’artiste sont en fait des mantras, des odes à l’animation de tout chose, des répétitions éternelles tentant de saisir la magie éphémère d’un instant.
Texte écrit par Julie Ackermann, à l'invitation de Documents d'Artistes Bretagne pour BASE, 2020.
With raw materials, mostly scrap wood and metal, I build fragile and poetic machines. Those objects, inspired by instants of everyday life, are some starting points for a story line. Mechanical movements draws a frame on which the spectator can project his own tale.
My project has been developed through a growing interest in the Do It Yourself movement and the handcrafted aesthetic. This primitive need to manipulate matter and to share an empirical experience of the world, always keep me in a state of a childish curiosity.
Keeping an eye on new craft technics make me understand how things work. Taking appart mechanics of living, not to dominate Nature but to find back the possibility of magic, the wonder behind scientific truth.