Texte de Julie Ackermannà l’initiative de Base DDAB (2021), ce texte définit mon travail visuel et évoque par là-même mon travail de collage sonore.
A travers des pièces sonores composées avec son duo noise « Fatigue Suspecte » mais surtout avec des collages, Suliane Hamon s’approprie et remodèle des éléments d’oeuvres artistiques populaires aux affinités gothiques. Reflétant l'anxiété liée aux crises politiques actuelles, son travail s’inscrit dans la tradition du collage comme geste d’assimilation du réel. L’artiste appartient en effet à cette génération d’artistes ayant fait de la post-production le socle de leur pratique. Sampling, mixage et hybridation d’éléments existants sont autant de techniques permettant à Suliane Hamon de recycler et d’interroger les signes d’un patrimoine culturel façonnant l’imaginaire collectif occidental. Les images travaillées par l’artiste subissent à cet égard une série d’altérations manuelles et techniques, analogiques et numériques : scan, impression, grattage, réimpression… Capturant les erreurs, les textures et les plis inhérents à l’impression, les collages de l’artiste proposent une archéologie des processus de digestion des images et réhabilitent la posture de l’amateur et du fan. Leur esthétique adolescente, liée au cinéma d’horreur ou encore au fanzine underground, est le point de départ d’une réflexion sur les formes monstrueuses et leur marginalisation par la bien-pensance. Avec son univers peuplé d’êtres cabossés, de sorcières et de chimères, Suliane Hamon conçoit en fait des oeuvres comme des sites d’aberration. En rassemblant et remodelant images et discours existants, elle formule de nouveaux passés et laissent donc entrevoir la possibilité d’imaginer des présents et futurs alternatifs.
Text by Julie Ackermannon the initiative of Base DDAB (2021) this text defines my visual work and evokes by the way my sound collage work.
Through sound pieces composed with her experimental noise band “Fatigue Suspecte” but especially with collages, Suliane Hamon appropriates and remodels popular artistic elements works with Gothic affinities. Reflecting the anxiety of the current political crises, her work is part of the tradition of collage as gesture of assimilation of reality. The artist indeed belongs to this generation of artists who have done post-production the basis of their practice. Sampling, mixing and hybridization of existing elements are all techniques enabling Suliane Hamon to recycle and questioning the signs of a cultural heritage shaping the Western collective imagination. The images worked by the artist undergo a series of manual and technical, analog and digital alterations: scanning, printing, scraping, reprinting... Capturing errors, textures and creases inherent in printing, the artist’s collages offer an archeology of the digestion processes of image and rehabilitate the posture of the amateur and the fan. Their teenage aesthetic, related to horror cinema or fanzine underground, is the starting point for a reflection on monstrous forms and their marginalization by self-righteousness. With its universe populated by bumpy creatures, witches and chimeras, Suliane Hamon conceives in fact works like sites of aberration. In gathering and remodeling existing images and discourse, it formulates new pasts and therefore leaves to glimpse the possibility of imagining present and alternative future.