retour à l'accueil

Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Quentin Yvelin

MÀJ 11-09-2023

Quentin Yvelin, né en 1988, vit et travaille en Bretagne.

 

Formé à l’université Paris 8 (Photographie et art contemporain) puis à l’Ecole
Européenne supérieure d’art de Bretagne.
 Sa pratique s’inscrit dans un champ élargi du photographique avec l’installation, l’autoédition
et le design graphique et depuis quelques années elle intègre la danse et la
sculpture. Son travail se situe à la frontière d’une écriture documentaire
subjective et d’une approche plasticienne et organique, s’articulant autour de
questions liées au corps ( témoins, empêchés..), l’ascèse ( discipline volontaire du corps et de l'esprit cherchant à tendre vers un but déterminé ) et le rituel, le lien et l’intime afin de questionner les
représentations du «soi», ses altérations ainsi que toutes les interactions entre les
individus et leur environnement.


Il s’agit pour l’artiste d’aller à la rencontre et de puiser dans l’histoire individuelle et
l’intime et dans des récits collectifs ( folklores et traditions ) afin de proposer de nouvelles lectures et représentations d’autrui, de territoires autant biographiques que symboliques


Quentin Yvelin expose régulièrement en France et en Europe; Il a notamment
participé à la première biennale Art Press des jeunes artistes ( Saint-Étienne, 2020) , lauréat de la résidence les essentielles au centre d’art GwinZegal ( Guingamp, 2021 ) , finaliste de la Quinzaine photographique Nantaise en 2021 et finaliste de la
première edition du fanzine Dummies organisé par le Bal dans le cadre de Rolling
Paper#2.

 Mots Clés :

 

#communauté #corps #rituels #usages #ascèse #convivilaité #sobriété #vernaculaire #folklore #récit #psychologie #guérison #symboles #médecine

 

La poitrine creuse : Quentin Yvelin et le souffle (qui) court.

Des corps, qui respirent et expirent, la cage nouée, les membres dénudés. Autour d’eux, des roches, des végétaux, des ombres que les arbres projettent sur le monde. Dans La poitrine creuse, série photographique au long cours, Quentin Yvelin s’intéresse à différents individus porteurs de pathologies et malformations respiratoires. Un travail d’envergure amorcé avec « Pectus excavatum », premier volet, dédié à son père et son thorax en entonnoir. Au travers d’images et de textes, il interroge les mécanismes de résilience émergeant des réactions d’une médecine trop « clinique », comme les sculptures que forment les silhouettes – territoires morcelés évoluant dans une géographie construite tout en nuances. 

Lou Tsatsas, Mai 2024, Fisheye Magazine.


 



 


Constellations photographiques.

Inspiré par la nature et le mysticisme, Quentin Yvelin réalise des ensembles photographiques délicats, dans lesquels la magie se mêle à la beauté de l’imperfection.

Guidé par une certaine fascination pour le mystique, la nature et les savoirs cachés, il façonne des « constellations photographiques »à la poésie troublante.

Accordant une importance certaine à la création de l’image, l’artiste transforme ses clichés en œuvres palpables. Au cœur de ses clichés, le grain domine, et les imperfections cassent le noir du ciel. Elles apportent une lumière inattendue aux ténèbres dans lesquelles fleurissent ses créations. Une dimension brute qui lui convient parfaitement. « Elle rencontre le caractère brutal et sans filtre de certaines de mes photos. La nudité et la vulnérabilité des corps, l’isolement et l’ascétisme de mes personnages », précise-t-il.

C’est dans la nature que Quentin Yvelin trouve l’inspiration. Pour lui, le monde sauvage est un espace d’expérimentation sans limites. « Il est magique et initiatique. On y trouve une certaine ambivalence, à la fois dangereuse et rédemptrice que j’aime explorer », confie-t-il. Influencé par les auteurs de la Beat generation (un mouvement littéraire né dans les années 1950 aux États-Unis) – Gary Snyder, Alan Ginsberg ou encore Jack Kerouac – et par l’ésotérisme et le spirituel, le photographe tisse des liens entre le réel et les échos de philosophies lointaines.

Dans son univers, les corps – nus ou flous – se mêlent à la végétation et s’approprient une existence plus rustique, loin de toute modernité. Les étincelles des feux de camp éclairent les veillées nocturnes, et font des forêts des lieux mystiques, terres d’interrogations et d’initiations. Anonymes, les personnages capturés par l’artiste deviennent des symboles, des allégories que le regardeur est libre de s’approprier. « Carl Jung disait : “La clarté ne naît pas de ce qu’on imagine le clair, mais de ce qu’on prend conscience de l’obscur”», ajoute le photographe. Et, dans la plus noire des nuits, alors que les astres scintillent, sonne l’heure de l’exploration, et de l’introspection.

Lou Tsatsas, Fisheye Magazine.

https://www.fisheyemagazine.fr/decouvertes/images/constellations-photographiques/

La Hutte ( de cendres en poussières).

Comment représenter une expérience intérieure ? C’est à cette gageure que Quentin
Yvelin a consacré ses dernières séries de photographies. Il les a réalisées auprès
d’individus ou de groupes qui se mettent temporairement ou plus longuement en marge
de la société pour répondre à une quête spirituelle. Reconnexion avec la nature et
l’univers, ascèse et rituels, purification et introspection y contribuent. Yvelin pourrait
ainsi donner à voir les conditions de cette expérience intérieure. Mais, partie prenante, il
ne peut s’en remettre au systématisme et à la distance d’un regard par trop
documentaire. Au contraire, il joue d’une approche fragmentaire et de la matérialité des
images qu’il associe à des croquis ou des textes littéraires pour fictionnaliser ses récits.
La Hutte (de cendres en poussières) doit son titre à la construction précaire de bois
et de toile qui, chauffée par des pierres chaudes et chargées d’intentions, accueille des
cérémonies conduites par des chamans. Mais la série montre aussi les corps,
partiellement ou totalement dénudés, avant ou après les rituels, et l’omniprésence du
feu, des flammes ou des cendres. Pour la première fois, Yvelin inverse la valeur de
certaines images et présente des négatifs. Le procédé renvoie au basculement des
polarités auquel invitent les rites pratiqués. L’artiste affectionnant l’autoédition et son
impression offset ou, ici, risographique, pour déplier ses récits, la présentation de la
Hutte reprend les montages que constituent les doubles pages du livre.

Etienne Hatt pour Art Press.