Quentin Yvelin
La Hutte (de cendres en poussières)
2019-20
Installation photographique.
Tirages risographiques.
Comment représenter une expérience intérieure ? C’est à cette gageure que Quentin
Yvelin a consacré ses dernières séries de photographies. Il les a réalisées auprès
d’individus ou de groupes qui se mettent temporairement ou plus longuement en marge
de la société pour répondre à une quête spirituelle. Reconnexion avec la nature et
l’univers, ascèse et rituels, purification et introspection y contribuent. Yvelin pourrait
ainsi donner à voir les conditions de cette expérience intérieure. Mais, partie prenante, il
ne peut s’en remettre au systématisme et à la distance d’un regard par trop
documentaire. Au contraire, il joue d’une approche fragmentaire et de la matérialité des
images qu’il associe à des croquis ou des textes littéraires pour fictionnaliser ses récits.
La Hutte (de cendres en poussières) doit son titre à la construction précaire de bois
et de toile qui, chauffée par des pierres chaudes et chargées d’intentions, accueille des
cérémonies conduites par des chamans. Mais la série montre aussi les corps,
partiellement ou totalement dénudés, avant ou après les rituels, et l’omniprésence du
feu, des flammes ou des cendres. Pour la première fois, Yvelin inverse la valeur de
certaines images et présente des négatifs. Le procédé renvoie au basculement des
polarités auquel invitent les rites pratiqués. L’artiste affectionnant l’autoédition et son
impression offset ou, ici, risographique, pour déplier ses récits, la présentation de la
Hutte reprend les montages que constituent les doubles pages du livre.
Etienne Hatt.