C'est plus difficile aujourd'hui que les fois précédentes. C'est le douzième épisode. La table bouge un peu. Mais le siège est confortable.
Il fait un peu froid. Je me suis demandée comment travaillaient les artistes ici, en hiver. C'est aussi une résidence d'artistes.
Ma mère branche son téléphone sur la multiprise. C'est drôle.
Je me souviens avoir déjà dit que je disais beaucoup « c'est drôle ».
J'ai l'impression que mes doigts sont un peu engourdis. C'est peut-être le froid.
J'ai gardé mon manteau. C'est la première fois que j'écris en manteau. Je me sens un peu rigide avec ça.
En face de moi, deux femmes me tournent le dos. Elles discutent. Et puis, derrière, il y a une vidéo. La projection de micro-organismes. On écrit ça avec un tiret ? Je ne suis plus si sûre.
Je vois beaucoup d'artistes utiliser les micro-organismes, je ne sais pas si c'est une mode ou si c'est moi qui suis entourée d'artistes préoccupés par l'environnement et la nature, la vie des animaux à toute petite échelle... Un camarade des Beaux-Arts avait fait un aquarium avec des crevettes et des escargots dedans. Il était devenu incollable sur chaque espèce.
Pour déplacer l'oeuvre, c'était compliqué, il fallait qu'il fasse attention en vidant l'objet, et puis pour le remplir ensuite. Je me souviens qu'il était triste que certains meurent en transvasant.
Ida me regarde et au dessus d'elle, il y a deux perruques qui tournent.
Je n'ai pas très bien compris si on était repartis du même texte pour cette exposition ou alors, seulement du même auteur ou encore s'il s'agissait seulement d'interpréter les souvenirs laissés, témoignages du public de la fois précédente.
Il me semblait qu'il y aurait aussi de la musique en même temps. Peut-être qu'ils commencent un peu plus tard. Ça arrive parfois, on annonce un horaire, et on commence plus tard. Je commence souvent un peu en avance. J'aimerais être en retard, parfois. Je pense que ça met les gens à l'aise. De commencer plus tard. Comme ça, personne ne se sent mal d'être arrivé un peu plus tard. Ou alors, pendant que ça a déjà commencé.
Je ne connaissais pas ce lieu, avant de venir aujourd'hui. J'avais liké sur Facebook. Le logiciel de traitement de texte ne connaît pas ce verbe. LIKER.
Je me demande si c'est déjà intégré au dictionnaire.
La table bouge beaucoup. J'ai l'impression qu'il y a toujours un problème...
Je ne sais pas... Je sais aussi que j'ai une tête très sérieuse quand je fais ça, je crois que je serre un peu la mâchoire. J'en ai déjà parlé auparavant. J'utilise une gouttière quand je dors, pour ne pas me réveiller engourdie. Je crois que j'ai cette tête là quand je suis concentrée. Je ne pense pas froncer les sourcils. J'avance un peu la mâchoire. Je m'en rends compte parfois, et j'essaie de contrôler ça.
Sinon, j'ai l'impression de ressembler à un oncle lointain. Il faisait ça. Il avait du psoriasis sur les coudes aussi. On dit que c'est le stress.
Une fois, je cuisinais et mon copain m'a dit qu'il aimait ma tête de concentration. Je ne pensais pas qu'il l'avait remarquée.
Je crois que j'élève les sourcils aussi, un peu trop. On dit qu'il faut être indulgent avec soi-même.
C'est difficile.
La semaine prochaine, c'est Kippour, le jour du pardon. Peut-être qu'il faut se pardonner à soi-même aussi. On pense souvent d'abord à pardonner aux autres, pour repartir sur un bon pied. Non, en premier lieu, à demander pardon aux autres. Mais c'est le plus facile.
Peut-être que c'est comme ça : du plus simple au plus difficile.
À la salle de sport, le coach dit qu'il faut commencer par les exercices les plus difficiles, quand on a encore de l'énergie, et terminer par des exercices plus légers.
Mais on s'échauffe au début. Je me demande comment s'échauffer pour se pardonner...
Des enfants courent. Je les ai vus dans la cour, juste avant. L'un d'entre eux s'est approché d'une affichette, incitant les autres à le suivre. Ils ont l'air très contents d'être là.
J'arrive bientôt à la fin de la première page et à la fin de mon verre d'eau. Ça sent la cigarette, un mélange de cigarette et de fumette. Un peu d'humidité aussi.
Merci, pour le verre d'eau.
Je sais qu'il y a des résidences d'artistes ici. Je ne sais pas bien comment ça fonctionne.
Ça fait un moment que je n'ai postulé à rien. Je m'en veux un peu. Je me dis que je n'ai pas de projet à proposer, ou alors que je ne suis pas tout à fait dans le cadre de ce qui est présentable.
Est-ce que je ne suis pas présentable ? En tant qu'artiste ? Je me demande comment proposer une suite à ce projet. J'aimerais continuer des épisodes encore longtemps, un peu comme l'Encyclopédie des Guerres, arriver à une centaine d'épisodes. Et ensuite, en faire un gros livre. Un livre épais, illisible d'une traite. Un livre qu'on ouvrirait de temps en temps, pour lire une page ou deux, au hasard.
La musique commence.
J'ai essayé d'écouter leur soundcloud, pour être au courant de leur style. Et là, ça sonne différent. Peut-être que je n'ai pas écouté suffisamment de morceaux pour me faire une idée de leur style.
J'ai bien aimé leurs titres. Mais je les ai oubliés. Je ne me souviens que de m'être dit que j'aimais bien les titres. Qu'ils étaient bien trouvés.
Comme quand je me souviens d'avoir passé un moment agréable, sans me souvenir de ce que j'ai fait.
Il y a des extraits du texte issu de la première performance, disséminés dans la salle. Il ont un tampon qui les différencie des autres témoignages du public.
J'aimerais bien avoir un tampon comme ça, pour marquer des phrases.
Les musiciens, je ne sais pas s'ils se définissent comme musiciens, ont des cassettes sur les hauts-parleurs. Je crois qu'on dit speakers maintenant, dans le milieu. Mais ils n'ont pas l'air de mixer à l'aide de cassettes. Est-ce qu'on peut faire comme avec les bandes des films ? Découper les bandes magnétiques des cassettes pour faire une nouvelle chanson ? Est-ce qu'on dit un « son » ?
J'ai peur d'avoir l'air un peu dépassée avec mes questionnements sur les mots d'usage...
Je crois avoir déjà vu des cassettes avec des morceaux de scotch.
Ils ont l'air très décontractés avec leur création musicale.
Parfois je me sens dépassée, j'ai l'impression de passer à côté, de ne pas comprendre des choses qui sont pourtant connues de tous. Je ne sais pas quel milieu ils fréquentent. Ni très bien de qui je parle en disant « ils ». Peut-être des gens de mon âge.
Souvent, je pense me fondre dans la masse, être comme tout le monde... Comme là, je pense être assez discrète, au milieu de tout ça. Et puis, vient toujours un moment où quelqu'un me dit que non, que je pensais être discrète mais que non.
Comme les autres fois, j'ai pensé à plein de choses que je voulais écrire ce soir. Je voulais parler de ce documentaire que j'ai vu sur Netflix ce matin. Mais je ne l'ai pas supporté plus de 15min. Il s'agissait d'un documentaire sur le grand secret du succès. Une femme, témoignages de philosophes et d'historiens à l'appui, réalisait ce documentaire sur le fait que les pensées ont une fréquence qui fait qu'on deviendrait une sorte d'aimant à ces pensées. Je ne sais pas si je suis très claire.
La conclusion était qu'il fallait penser ce qu'on désirait pour l'obtenir et que c'était un secret gardé par les élites depuis les grecs anciens. J'ai pensé qu'il était logique que ce soit une américaine qui fasse ce documentaire, très positif, ou sur la pensée positive et son influence sur notre quotidien.
Je voulais aussi parler d'un rêve que j'ai fait il y a quelques jours.
Mais ça ne va pas avec la musique qui passe en ce moment... Peut-être que je le raconterai un peu plus tard.
J'ai encore froid aux doigts. Thomas m'a parlé de lingettes qu'utilisent les pianistes pour se réchauffer les doigts.
Il y a un chien dans l'exposition.
Un peu plus tôt dans la journée, mon ami Ronen m'a envoyé une photo d'un chien en me disant « regarde mon nouveau client du jour ». J'ai pensé qu'un chien pourrait être content de trouver des services qui lui soient accessibles. On refuse tout aux chiens. Il y a des panneaux sur la plage qui empêchent l'accès aux chiens. Je suppose que c'est pour qu'ils ne fassent pas leurs besoins dans le sable. Mais les êtres humains ne sont pas beaucoup plus propres. Je crois que je dis beaucoup « beaucoup ».
Pour éviter les répétitions, j'essaie de dire le mot en question dans ma tête, et de continuer, comme s'il avait été dit ou écrit. Mais rapidement, je me rends compte de la supercherie que j'essaie de m'imposer.
Imposer, avec un M. Je donne des cours d'orthographe pour des lycéens qui préparent le bac. Alors j'essaie de trouver des astuces à leur transmettre.
Récemment, j'ai vu circuler sur internet la règle Mbappé : on écrit M à la place de N devant M, B, P.
C'est pas mal...
Mais je n'ai pas su le placer dans un cours encore. Hier soir, on étudiait Henri Michaux.
J'allais dire quelque chose et ça m'a échappé. Je n'ai pas encore lu tous les témoignages de l'exposition de la Nuit Blanche. Certains sont très bien écrits. Je pense que c'est parce qu'Ida a demandé à son réseau, de produire ces courts textes. Et qu'on est tous sensibles à ça.
Certains me concernent. J'en ai reçu par mail aussi. J'ai trouvé ça à la fois touchant et aussi un peu intimidant.
Je crois que je ne me rends pas bien compte que des gens lisent. Je veux dire, lisent pour de vrai ce que j'écris. C'est assez effrayant de se rendre compte de ça. Je préfère oublier.
Je sais que je m'adresse à quelqu'un, mais lit qui veut, le temps qu'il veut.
Je ne sais pas très bien qui sont les gens en face de moi.
J'écris toujours un peu à la même allure. C'est assez constant. On m'a demandé si je m'entraînais.
Mais quand je suis chez moi, j'ai toujours mieux à faire. En lisant Virginie Despentes, je me suis imaginée qu'elle écrivait partout. Assise sur une terrasse de café. Je ne l'imagine qu'en terrasse, à fumer, seule, face à son ordinateur probablement. Ou alors chez elle, mais pas seule. Quelqu'un serait peut-être en train de faire le ménage pendant qu'elle écrirait. Et puis, elle écrirait aussi chez d'autres, ou pendant une fête.
Je me demande si je pourrais écrire pendant une fête. Je ne vais pas beaucoup chez les autres. Pourtant j'aime bien voir comment les autres vivent, organisent leur appartement. À une autre époque, c'était plus banal d'aller chez les uns et les autres. À Paris, les espaces sont plus petits souvent. C'est probablement une raison.
Il y a un personnage comme ça dans le troisième tomme de Vernon Subutex, qui vient de déménager après s'être séparée, dans un deux pièces qui lui semble minable.
J'aimerais bien habiter dans un deux pièces.
C'était un peu ça mon rêve d'il y a quelques jours. J'emménageais dans un nouvel appartement, une sorte de studio dans une résidence étudiante. Je savais que je ne pouvais pas rester plus d'un an, alors j'essayais de composer avec les meubles que je trouvais sur place, sorte de patchwork d'éléments trouvés, n'allant pas très bien ensemble.
Et puis, après avoir dormi plusieurs nuits dans un lit une place, je m'apercevais qu'il y avait une porte, avec une autre pièce. Une très belle chambre, avec un grand lit deux places.
J'étais tellement contente, que je réorganisais tout, et arrivais à faire d'une pièce, une bibliothèque. Une grande bibliothèque qui donnait sur un balcon un peu sombre, mais plein de plantes.
Je rêve souvent d'avoir un appartement suffisamment spacieux pour faire d'une pièce, une grande bibliothèque. Ce serait chouette que ça donne sur un balcon ou un jardin d'hiver.
J'en ai parlé à ma mère de ce rêve. Elle a dit que ça ressemblait à cette performance. Des livres et donc de la parole ou des mots, ouvert sur l'extérieur, mais aussi un peu isolé.
Je voulais continuer à parler de ma famille aussi, comme je le fais souvent. Mais en ce moment, c'est un peu compliqué. Je dis ça, mais c'est toujours compliqué dans ma famille.
C'est comme ça que j'ai commencé à écrire. En faisant croire que j'inventais des histoires. En ce moment, c'est peut être même plus simple que d'habitude. Mon grand-père est hospitalisé, je n'ai pas beaucoup d'informations à cause du décalage horaire. Je me suis demandée s'il fallait que j'aille en Argentine et puis je me suis ravisée.
Souvent, on me demande si je vais régulièrement en Argentine, ou alors si j'aimerais y vivre. Je suppose qu'il y a une sorte de fantasme, ici, de la vie en Amérique du Sud. On se dit souvent que le rythme est plus tranquille, que la vie est moins chère, et qu'il fait plus beau. Mais en ce moment en Argentine, la monnaie est dévaluée chaque mois, mon père me raconte que son niveau de vie se dégrade et qu'il fait un temps horrible, qu'on ne peut pas y vivre comme artiste.
Autour de moi, tout le monde veut venir en Europe, c'est encore le rêve. D'un côté comme de l'autre, les gens veulent traverser l'océan. Moi, je ris souvent en disant que je laisse les problèmes de l'autre côté de l'océan, pour mettre physiquement de la distance. Et je me sens très bien à Paris.
Je n'ai habité que dans une seule autre ville, Rennes. Je m'y sentais bien, l'échelle de la ville était agréable, mais il n'y a pas de travail qui paye à Rennes. Je crois. Ou alors, il faut être coiffeur ou esthéticienne, ou commerçant.
Esthéticienne est le seul mot que j'ai mis au féminin. Je me demande si on peut dire esthéticien... dans le même sens. Pas comme un chirurgien esthéticien. Il y a esthète aussi. Mais c'est différent.
J'ai acheté quatre livres cette semaine : un sur Miro, un autre sur Le Caravage et deux petits romans, l'un de Victor Hugo et un autre de Mme de Lafayette. Je n'ai jamais aimé les classiques, j'ai eu du mal à les lire. Je préfère la littérature contemporaine. Ça demande moins d'effort pour entrer dans le rythme du texte. J'ai l'impression que l'auteur s'adresse à moi directement. J'achète beaucoup de livres. Une grande partie pour le travail. Quand je fais du tri chez moi, je ne touche pas aux livres. C'est la seule chose que je garde toujours.
Le reste, je peux jeter. Alors les déménagements sont difficiles. J'utilise des cabas de supermarché pour les déplacer.
J'aimerais bien raconter des histoires d'autres gens, je ne le fais pas beaucoup. Les auteurs remplacent souvent les noms des personnes qui les entourent, pour qu'on ne les reconnaisse pas. C'est difficile de renommer quelqu'un qu'on connaît déjà avec un nom.
J'ai essayé un peu plus tôt, dans le métro, d'imaginer mon entourage avec d'autres prénoms. Je n'ai réussi à renommer tout le monde que par Marc. Je crois que c'est un nom assez répandu.
Et puis, il y avait beaucoup de bruit dans le métro, les gens se bousculent. Au Louvre aussi. À Versailles, le personnel fait une pétition pour que l'administration limite les entrées. On fait la queue pour passer d'une salle à une autre.
Une collègue a suggéré qu'on installe un tapis roulant dans la salle de La Joconde. Un tapis qui irait suffisamment lentement pour que les gens aient le temps d'observer rapidement le tableau, prendre une photo et continuer leur chemin. Quand on passe le mur, avant d'aller dans les salles de peinture française, il y a deux ascenseurs. Je ne m'étais pas aperçue que la plupart des visiteurs prenaient l'ascenseur juste après La Joconde pour aller prendre un café.
Dans le carrousel, il y a un Starbuck et un Mc Donald. Je ne sais pas si c'est à la demande des touristes. J'imagine mal les touristes se plaindre de trouver des enseignes différentes quand ils se rendent au Louvre.
Les extraits du texte ont été re-tapés à la machine par Thomas et Ida, ils ont eu du courage de taper ça. J'aurais certainement subdivisé le texte, déjà écrit à l'ordinateur, et imprimé directement. Moins d'effort. Il y a quelques erreurs de frappe, je me dis que c'est un peu comme quand j'écris moi-même, que je reviens un peu en arrière, sur certains mots, ou certaines formulations.
Le public a changé, il fait plus sombre.
J'ai une lampe avec une ampoule assez jaune. On a le choix dans les magasins, entre une lampe jaune ou une lumière blanche. Il paraît que la lumière blanche fatigue moins les yeux, mais que la lumière jaune est plus chaleureuse. Comme être assis à côté d'un feu ?
Un peu plus tôt, une personne m'a demandé qui j'étais. Ou alors, comment il pouvait se renseigner sur moi. J'espère qu'il a trouvé maintenant.
Peut-être que c'est un peu mystérieux. Parfois, j'essaie de placer quelque part dans ce texte que je publie ensuite tout sur mon site. Encore faut-il savoir mon nom pour le trouver sur Google.
J'aime bien associer « mon » et « nom ». Ce sont les mêmes lettres. On peut s'approprier un nom.
J'ai un ami qui était une fille et qui est un homme maintenant qui s'est choisi son propre nom. Quand on me demande comment je m'appelle, on me dit souvent que c'est original, ou alors que c'est intéressant, ou joli. On me dit toujours quelque chose à propos de mon prénom. Alors j'ai pris l'habitude de dire que je n'avais pas choisi mon nom. Je me demande ce que je répondrais s'il fallait que je me choisisse ma façon de m'appeler. Est-ce qu'on est tous habitués à nos prénoms ? Ou alors est-ce qu'il peut arriver qu'on ne s'y fasse pas ? Je crois que j'ai déjà parlé de cette question de prénom plus tôt. Je ne sais pas quelle heure il est. Mais j'ai bu mon verre d'eau moins vite que le premier. J'ai mis quatre pages pour ce deuxième verre d'eau. Il me reste un quart d'heure.
Ida m'a demandé le temps que je voulais pour cette performance. À chaque fois, je propose une durée différente. Mais jamais moins d'une heure. Je ne sais pas si j'ai écrit pendant moins de temps qu'une heure. Il faut le temps de se concentrer, d'entrer dans le jeu, ou le personnage de celui qui écrit.
On me demande souvent si j'ai peur de ne plus savoir quoi dire. Mais ce n'est pas comme dans une conversation. Face à quelqu'un, il y a ce qu'on dit et ce qu'on pense. Deux fils différents. Ici, il n'y a que ma voix intérieure. Elle ne s'arrête jamais, n'est-ce pas ? Est-ce qu'elle s'arrête pour quelqu'un ? Cette voix qui commente tout ce qu'on pense ou observe autour de nous ?
Je vois beaucoup de jambes parce que le bureau est assez bas. Ou alors c'est l'écran qui est trop penché pour que je puisse voir les têtes. De toutes manières, je fais le focus sur l'écran, sauf quand je regarde au dessus. J'avais acheté des lunettes contre les rayons bleus. Mais je me suis aperçue quand ça changeait un peu la teinte de ce qu'on voyait. Alors je ne les mets presque pas.
Je ne reconnais plus personne autour de moi. Je me demande où sont passées les têtes connues...
Est-ce qu'ils sont partis ?
Dimanche, ce sera différent, c'est une après-midi de performances. Certaines se chevauchent un peu. Ce sont aussi les journées du patrimoine.
Je n'ai pas vu l'exposition avec son éclairage nocturne. Je ne l'ai vue que de jour, avec la lumière naturelle. J'ai un peu hâte d'aller voir ce que ça donne avec un autre éclairage.
Cette fois, j'ai pu voir les œuvres avant de commencer. Il y a beaucoup de projections. J'en rajoute une avec cette performance.
Un ancien camarade des Beaux-Arts m'avait dit que la vidéoprojection était un bon moyen d'occuper l'espace. Je me demande si on se marche les uns sur les autres avec toutes nos projections.
C'est pratique aussi, à installer. Sauf à caler, à synchroniser, trouver le bon recul.
Personne ne m'a rien dit cette fois sur la taille de l'écran ni sur la typo choisie. Je ne sais plus celle qu'on m'avait recommandée. J'ai oublié.
J'ai laissé celle qui était suggérée par le logiciel. Quelqu'un a eu l'air de danser sous les perruques, je crois que c'était seulement pour une vidéo. J'avais imaginé qu'avec la musique, les gens danseraient, que je serais assise là à écrire, pendant que les autres seraient dans une sorte de transe, dansant dans cet espace. Un vernissage ressemble souvent à une fête. On ne peut pas bien voir les œuvres, c'est plutôt pour se rencontrer, se réunir, alors c'est presque plus décoratif. Et puis avec un buffet, le soir... et là avec la musique en plus... c'est vraiment une fête, non ?
Confessions Under Request #12, 2018
exposition L'envers d'une autre, Villa Bellevile, Paris