Passionnée par l’art de la performance et de la vidéo ainsi que de l’installation, Inspirée par des artistes comme Journiac, Fraser, Messager, Neshat, Pane ou encore louis bourgeois. Nesrine Mouelhi vise a développer un travail plastique autour de l’Identité féminine et l’image de la femme à travers un ensemble de questionnement. Partir de son identité pour mieux explorer celles des autres c’est l’un des enjeux de sa recherche plastique. L’artiste cherche à questionner la représentation et la place du corps féminin dans différentes cultures. Dans son travail elle cherche à mettre en évidence des passerelles entre l’Orient et l’Occident, le «mâle et la femelle», le sensible et le puissant, entre la femme est la société d’aujourd’hui, Il s’agit de la construction d’une nouvelle synthèse à travers l’art.
Marie Cécile, catalogue de l'exposition Manifeste De La Femme Du Futur, galerie Mémoire de l'avenir, Paris, 2019
A travers des vidéos , dessins ou installations, Nesrine Mouelhi déploie un travail marqué par son histoire personnelle et les émotions qui la traversent, tout en s'inscrivant dans la continuité d'un art porteur de critiques sociales, des luttes des minorités culturelles et sexuelles. Le corps est sa représentation dans la société orientale est le sujet central de cette oeuvre qui met en tension ou transgresse des notions polarisées comme l'Orient et l'Occident, le féminin et le masculin, l'espace public et privé. L'artiste récupére et sétourne des objets et des symboles dans une poésie de l'assemblage, où les gestes de déchirer, plier, analyser, déconstruire, casser, composer, éliminer, recoller....manifestent un sentiment de révolte autant qu'ils construisent les bases d'un futur neuf.
Evoquant à la fois le minimalisme et le travail de maçonnerie, Papa, est une construction féminine et orientale, une enceinte de soixante dix-neuf parpaings en béton fabriquéé à la main par l'artiste selon la méthode pratiquée dans le désert du Maghreb.
Maman est un monument nomade, minimaliste et chaud, mystérieux et pénétrable, une réminiscence du cube minimal autant que de la Kaaba. Une lettre intitulée "Mon amour de liberté" adressée par le père de l'artiste à sa mère li accordant une liberté totale en son absence constitue l'accessoire d'une série d'actions nommée Protocole de liberté.Constituée de matériaux domestiques récupérés, Laila est un ensemble de sculptures qui composent une scéne de guerre ou une scéne de ménage, entre violence, amour et espoir, elle porte le souvenir de la révolution tunisienne.
Julie Portier, Mettre à jour - Extension, Frac Bretagne, 2015
Dans le champ social et culturel, Nesrine Mouelhi prend position contre les discours nomatifs et réducteurs qui opposent l'Orient et l'Occident, la culture traditionnelle et la modernité.Ses dessins, vidéos et installations, habitées par son corps, des émotions et une énergie créative, s'inscrivent dans l'histoire d'un art critique, voire contestataire, si ce n'est que l'artiste exclut les rapports de force au profit d'une stratégie fondée sur l'échange et la mobilité.En témoigne un cube noir imposant qui fait référence au minimalisme et à la Kaaba.Concernée par la condition des femmes, l'artiste emprunte des chemins qui bifurquent.Entre histoire personnelle et collective, elle redonne tout son sens à la révolution tunisienne.
Dominique Abensour, Mettre à jour - Extension, Frac Bretagne, 2015
“Ce qui fait la masculinité ou la féminité est un caractère inconnu”
Simon de Beauvoir, Le deuxiéme sexe, tommeII, chapitre I, Gallimard, Paris, 1966, p.13
Je suis une fille de la révolution de jasmin tunisienne, j’ai vécu tout un changement politique, sociologique, religieux. Cela crée en moi un malaise depuis la date fatidique du 14 janvier 2011. Apres une drôle et difficile expérience au sein de la révolution, je regarde autour de moi, j’ai perdu mes repères ainsi que mon identité, je vois des nouvelles formes sociologiques qui apparaissent ; ça me parait étrange, bizarre, je ne me reconnais pas.
Des femmes habillées en noir de la tête aux pieds, des jeunes filles mariées à l’âge de seize ans, des familles qui interdisent l’école à leurs filles, des suicides, des manifestations, des menaces, des morts,…
Le pouvoir exercé par le corps féminin en Tunisie en tant qu’entité politique, religieuse, sociale et culturelle est mis à mal dans la société tunisienne contemporaine. J’ai commencée à chercher autour de ces nouveaux phénomènes. Ce débat m’a fait penser aux champs artistiques et à certains artistes contemporains. Je me pose la question des représentations du pouvoir du corps de la femme dans la société tunisienne contemporaine.
Ma pratique prend des formes polymorphes : vidéos, dessins, installations, documentations, etc. Elle joue notamment entre la dualité du voilé et du dévoilé, de l’extérieur et de l’intérieure, du dehors et du dedans.
J’explore la représentation du corps, son histoire et son impact social, ainsi que les rapports entre la culture Orientale et l’identité féminine.
Je considère mon travail d’installation et de vidéos comme un champ pour détourner les symboles de la tradition Orientale à travers le monde féminin.
Ce détournement de signes (nouvelles identité pur certains objets ou lieux) me permet d’investir une nouvelle lecture, identité des choses.
Sachant que « l’œuvre se nourrit en permanence d’elle-même »
Annette Messager, Beaux-Arts magazine/TTM éditions, 2007, p.7
Catalogue du dipôme national supérieur d'expression plastique (DNSEP), options Art, Design, Communication, de l'Ecole européenne supérieure d'art de Bretagne (EESAB), sites de Brest, Lorient, Quimper et Rennes, 2015