Une souche dans une forêt, des feuilles mortes sur le trottoir, des végétaux dans une friche urbaine, une étendue d'herbe dans mon jardin, un champ dansant dans le vent, de jeunes arbres tuteurés dans un parc, des pavés glanés dans la rue, une ruine urbaine, un caddie emprunté à Auchan, du terreau universel acheté à Leroy Merlin, un artiste jardinier...
C'est le déplacement qui permet la rencontre. Alors je marche. Me promenant, allant d'un endroit à un autre, quotidiennement, je marche. Je me déplace et je déplace.
Traversant des lieux et des contextes riches de récits, autant de formes de cohabitations qui enclenchent mon désir d'exploration des liens. Ceux qui unissent ou opposent des êtres, des matières et des espaces, dans un écosystème commun qui me semble morcelé, artificiellement découpé. Aussi, je m'approprie ces déplacements par des actions d'assemblage. J'assemble, des matériaux, des idées, des formes, des images, autant d'éléments hétérogènes, jouant sur différentes temporalités. J'envisage l'assemblage par de multiples approches pour provoquer des situations éphémères, tente d'engager un dialogue avec les éléments et les êtres que je rencontre. Cherchant à me dégager d'une forme d'instrumentalisation, j'use de gestes simples et du hasard, laissant la place et le temps à la réaction de la matière pour les envisager comme des partenaires de travail.
Je me sens sculptrice de par ma relation à la matière et à l'espace, mais je convoque également l'installation, la photographie, la performance, la vidéo, le dessin et l'écriture pour mieux en explorer leurs porosités. J'envisage ainsi l'acte artistique comme une expérience sensible du réel, redonnant à voir des éléments communs du paysage, parfois de simples détails, aux dimensions poétiques. Par le biais de l'attitude, je questionne la volonté que je peux imposer à la matière pour explorer les possibilités de liens entre l'art, le quotidien et le vivant.