Terre neuve, 2020
Installation, impression monotype avec pierres enduite sur pièce de tissus suspendue , et impression monotype sur papier Wenzhou et portant en métal.
Exposition collective In the flesh 2020, EESAB site de Brest, Photographies Lebette Gwenn
«Ne pas voir ce qui se trace. Je ne veux pas d’outils, une proximité charnelle avec le support. Dessin aveugle, dépeinture, extrait au noir la lumière, gagne les ténèbres sur l’immaculé. Le corps se souvient, écrit sans preuves, sent ce qu’il ne voit pas sous les ongles qui grattent la chaire de la roche. Ici, maintenant, ce corps est un élément du rituel. Les ombres sont en vie, elles ne dépendent plus du corps, et les pierres respirent sous le fracas de ses paumes. L’écho des chocs résonne dans l’estomac, le corps est baigné du tout, la gestuelle est prise en dedans, plus rien est au centre, tout a fondu, se repend sur le sol. Les mains, frénétiques, griffent, ouvrent les portes des mondes aux origines, des nuits antiques, des terres neuves. Ce corps et tout ce qui l’entour gratte la paroi, l’instantanéité du tout, pour en apercevoir le monde. Et tout s’écrit entre l’encre et le drap, un secret millénaires, caché derrière le support. Décole le drap pour apporter aux yeux ce qui était l’instant du tout, sa cicatrice. Les portes furent ouvertes, la rive fut franchie. Maintenant, ce corps aux ténèbres n’est plus, et il découvre le dessin avec la même intrigue que les premiers hommes ayant découvert les premiers dessins. L’homme à tête de corvidé à Lascaux, entre ciel et terre, tombe à la renverse. Les ombres, les sombreurs, le squelette invisible du drap vibre maintenant sous la lumière, respire. J’étais dedans, j’apporte dehors, vous en présente la porte.»
Extrait carnet 09.2020