Les maisons endormies, 2018 - en cours
Sur le littoral breton, en basse saison, les stations balnéaires se vident et deviennent pendant une partie de l'année de vastes espaces désertiques. Les vacanciers s'en vont, les châteaux de sable s'effondrent.
La fermeture des boutiques annonce la trêve hivernale, les pavés des ruelles cessent d'être piétinés, le chahut des enfants laisse place au battement des vagues sur la grève. Le temps ralentit, les jours s'adoucissent et la moiteur s'installe progressivement. Les maisons ferment leurs paupières et s'endorment profondément.
Je scrute ces maisons endormies, les écoute respirer lentement ; chacune semble avoir une histoire à raconter.
Avec des taux de résidences secondaires variant de 50 % à 80 % (source : INSEE), ces villes de bord de mer sont devenues des villes fantômes. La population qui y réside tout au long de l'année diminue de jour en jour et sa moyenne d'âge est en augmentation. La jeunesse qui souhaite s'installer dans la région se dirige vers des villes plus dynamiques tout au long de l'année et, plus abordables financièrement.
L'économie, quasi exclusivement tournée vers le tourisme estival, engendre de graves problèmes qui marquent le territoire en profondeur ; la précarisation de l'emploi, la spéculation immobilière et la bétonisation du littoral en sont les principaux. Ces changements brusques modifient le statut de la ville côtière bretonne et altèrent son identité historique.
Les fenêtres obstruées nous privent de l'intérieur, reléguant ainsi la maison à son unique extérieur ; une façade parfois colorée, boursouflée, égratignée... Une fois refermée sur elle-même, l'habitation prend des allures sculpturales.
De manière méthodique, je réalise un inventaire en m'imposant des contraintes ;
- photographier avec une optique 50mm les maisons dans leur entièreté ; elles doivent être contenues dans un cadre spécifique.
- Me déplacer le plus possible à pied dans des villes avec des taux de résidence secondaire de plus de 50 %
- Réaliser ce projet en pleine semaine et par temps gris ; le ciel nuageux donne de l'homogénéité aux volumes et a l'avantage de dissuader les habitants à l'année à sortir de chez eux.
À l'heure actuelle, après un an et demi de travail, la collection comprend 92 photographies. Elle se concentre sur 10 stations balnéaires, mais ils me restent encore de nombreuses maisons endormies à rencontrer.
Sleeping houses, 2018 - in progress
At the arrival of the low season on the Brittany coast, the seaside resorts empty and become vast desert areas for the rest of the year. Sand castles collapse as tourists leave.
The winter truce is announced by the closing of the shops. The trample stops on the alleys' pavement and the heckling of the children gives way to the beating of the waves on the shore. Time slows down, the days become milder and the dampness settles gradually. The houses close their eyelids and fall deeply asleep.
I scan these sleepy houses, listen to them breathe slowly: each one seems to have a story to tell.
With rates of second homes ranging from 50% to 80% (source: INSEE), these seaside towns have become ghost towns. The population living there throughout the year is decreasing day by day as its average age is increasing. Young people who wish to settle in the region rather move towards financially more affordable cities to live in that are more dynamic throughout the year.
The economy, which is almost exclusively oriented towards summer tourism, triggers serious problems which have a profound effect on the territory; job insecurity, real estate speculation and the artificialization of the coast are the main ones. These sudden changes are modifying the status of Breton coastal towns and alter its historical identity.
The obstructed windows deprive us of the interior, thus relegating the houses to their only exterior; a frontage that is sometimes colored, blistered, scratched... Once closed in on themselves, the houses take on sculptural appearance.
In a methodical way, I carry out this inventory by imposing certain constraints on my work, which are:
- to photograph the houses in their entirety with a 50mm lens as they must be contained in a specific frame;
- to move as much as possible on foot in cities with secondary residence rates of more than 50%;
-and to carry out this project in the middle of the week and in grey weather; the cloudy sky gives homogeneity to the volumes and has the advantage of dissuading the year-round inhabitants from leaving their homes.
At the moment and after a year and a half of work, the collection includes 92 photographs. It focuses on 10 seaside resorts, but I still have many sleepy houses to meet.