Expositions individuelles
D'un quatrième à l'autre,
Passer d'un quatrième à l'autre, ça n'est pas tout à fait passer du coq à l'âne. Pas du tout même. Il s'agit plutôt ici de passer d'un doux cocon, celui du confort de l'être, de l'idée intérieure, au grand air, le monde extérieur, vaste et varié, où se croisent, se rencontrent ou s'ignorent, des créatures par milliers (et même plus). Plus raisonnable, il s'agit de la simple question de la monstrastion. Les deux quatrièmes auxquels fait référence le titre sont premièrement, le chez-moi, et deuxièmement le « 4 ème étage », l'atelier dans lequel Vincent-Michaël commissarit cette exposition. Coïncidence fortuite n'est-il pas?
Cette exposition et les pièces qui y sont présentées sont (in)directement reliées à cette interrogation. Il s'agit de dessins numériques, d'images, faisant référence à une recherche plus ou moins théorique sur la figure de l'âne et ces enjeux comme totem dans une réflexion au trou de l'art et la vie confondus (autour de l'art et la vie confondus, mais cette faute de frappe était bien trop belle pour ne pas rester lisible; en effet, n'y a t'il pas de trou plus profond que celui dans lequel tombe toute pensée mettant le pied dans ce plat).
Aussi bancale qu'un âne trop longtemps bâté; cette justification semble abracadabrantesque mais cette tarte à la crème intellectuelle mérite d'être posée. Elle entraîne l'auteur de ces pensées dans le tourment des nécessités et du partage.
Cette exposition est l'occasion d'entarter les quelques lecteurs de ce texte. De leur donner le beurre, l'argent du beurre et la crémière avec? Je ne crois pas que ce soit tout cela. Bien qu'une fois une bonne crème de lait d'ânesse aplatit sur votre face, la peau de votre visage se trouverait plus douce qu'elle ne le fût en entrant; toute cette chantilly littéraire ne saurait satisfaire.
Pour contrer cet inéluctable sort, il faut en venir aux ânes. Des ânes de Balaam, à Modestine, deux ânesses populaire dans la littérature, aux longues oreilles de Nietzsche, en passant par Le roi Midas et ses longues oreilles à lui aussi... Il existe de multiples figures pour affronter cette réalité. Il existe même, comme Lolo dit Joachim-Raphaël Boronali, des ânes peintres. Mais dans ce contexte ceux-ci doivent laisser place à leurs consoeurs plastiques, autrement traitées, de lignes et d'images qui s'accrochent et s'exhibent, plus concrètement que les idées qui s'alignent noir sur blanc.
Des ânes, quelques noix et deux bovins, voilà toute la tarte qui vous sera servie ici, une recette picturale, faite en lignes et en couleurs. Complice et soeur de la tambouille théorique qui infuse le premier des deux quatrième étage. Mais qu'importe : «[...] maint puissant qui voulait faire bon voyage en compagnie du peuple attela devant ses chevaux, un petit âne, un sage illustre.»
Peintres à la noix, suivez les ânes.D'un quatrième à l'autre.
Exposition au 4ème étage.