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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Maxime Chochon

Un beau nez d'âne, 2019

Noix, 2019

Pégâne, 2020

La carotte, 2020

Frontispice (d'après Walter Crane), 2019

vÂne Gogh (d'après Munch), 2020

Âne Atlas, 2020

L'âne-artiste (d'après F.Hodler), 2019

Âne Picabia, 2019

L'arrière-garde, 2019

L'ânesse de Balaam, 2019

Le chemin des ânes (d'après F.Hodler), 2020

 

 

 

 

 

Parler d’âne pour parler d’art, de philosophie, de spiritualité… Cela a déjà était fait et bien fait ; dans les textes antiques, religieux ou dans des essais et des textes plus contemporains comme la préface de Gilles Lapouge pour le Voyage dans les Cévennes avec un âne de Stevenson. Dans cette préface Gilles Lapouge développe un éloge de l’âne comme figure philosophique, hors du temps, de toute matérialité. Une forme supérieur de Diogène car sans cynisme. 

Dans la poursuite de ma recherche sur l’intégration, la pénétration de l’esprit de culture au sein de la Nature (temps + espace + chose), de l’artiste comme spectateur, mise en route dans le travail du mémoire « le temps régurgité », l’âne semble offrir un biais d’étude intéressant. Déjà présent dans mon imaginaire, cet animal apparaît grâce à la pensée et à la plume de Gilles Lapouge comme une figure cristallisant nombre d’éléments en rapport avec cette recherche. 

Dans l’Art de l’oisiveté Hermann Hesse, à travers une pluralité d’écrits de taille et tonalité différente ; recueil des textes plus ou moins spontanés et donnant par ça son idée de l’oisiveté, la définition de ce que Hermann Hesse appelle art, se révèle être assez ouverte et non antithétique a une certaine idée du travail, l’oisiveté de Hesse ressemble plus à la liberté entêté de l’âne, continuant son chemin de la manière qu’il entend sans se laisser parasiter par des désirs, des volontés hors de son moi, l’oisiveté se révèle contraire même à l’idée de fainéantise, elle n’est pas incompatible avec le travail ou le labeur, mais il s’agit de poursuivre une route, un chemin, sans autres contraintes que celles inhérentes  à ce même chemin. L’oisiveté énoncée par Hesse est complice de Modestine et des autres individus de son espèce bien que la forme humaine que prend celle-ci est plutôt culturelle que naturelle, intellectuelle qu’intuitive. 

L’âne-artiste est un âne conscient, il allie la conscience de l’homme, la capacité créatrice de de l’artiste, la pensée de l’homme, scientifique, philosophique et poétique à l’essence de l’âne. Cet être supérieur mi-homme mi-âne, le surhomme (Zarathoustra), le surâne, symbolise cet idée d’un art de vivre, un art « d’être » dans la monde, nature et culture confondue. 

L’âne contrairement au Surhomme qu’appelle Zarathoustra, à la capacité d’affronter les mouches. Ainsi quand Zarathoustra demande de ne pas être un chasse-mouche, de s’éloigner de ces hommes qu’il nomme des mouches de foire, afin de rester hors de portés de leurs vices, leurs piqûres, l’âne lui reste stoïque, de sa queue il dissipe les essaims de mouches. Ainsi ne braie pas l’âne ; immuable il ne fuit pas et reste impassible à la foire environnante, son corps est un vaisseau duquel il semble se transporter hors des mouches quand bien même leurs vissicitudes s’amoncellent à même la rétine de ce dernier.