Paysage autophage
Performance, 35 minutes
Derrière un rideau percé de lentilleS grossissanteS qui pourrait être un masque démesuré, une bouche se révèle, circule. Elle produit des sons sans user des cordes vocales. Mis en boucle par le biais d'une pédale d'effet, ces sons composent peu à peu un paysage sonore buccal de plus en plus dense.
Sur cette bande sonore, un texte est lu : Quand on devient une rivière. Comme un manuel pédagogique mais poétique, le texte invite à suivre les pérégrinations d'un.e narrateur.rice sensible dont la présence s'emmêle entre marche au bord du canal d'Ille et Rance à Rennes, lecture d'un journal de voyage sur le Rio Negro en Amazonie, écriture sur un balcon marseillais. Le temps et les corps perdent leurs limites : l'attention circule comme l'eau au gré des méandres archivistiques, littéraires, poétiques, physiques.
La lecture d'extraits du Manifeste du Natualisme Intégral de Pierre Restany et Frans Krajcberg vient ponctuer cette dérive d'un appel à une sensibilité écologique planétaire et décoloniale qui, lui-même mis en boucle - comme s'il se répétait par fragments, comme si s'accumulaient ces appels par répétition - , se dévore, s'efface pour devenir une masse bruyante au milieu du paysage sonore, presque un grondement en forme de colère sourde.
Silence. La balade reprend au fil de l'eau. "Les courbes fluent au fil. Et ça continue."