Expositions individuelles
Hush, Pour hush, la recherche a été métaphysique, le regard tourné vers le ciel, les nuages, pour s'interroger poétiquement sur la mutabilité permanente du monde, et sur son impossible classification scientifique. De la première tentative de Luke Howard de classer les nuages en 1803 à l'utilisation du terme cloud pour parler des données et des relations/communications humaines hors-sol, la question du langage est au coeur de la saisie et de la représentation du monde. L'installation déploie ainsi des questionnements liés à la relation que nous entretenons avec les images et la parole, l'environnement, le silence, la classification langagière et scientifique du “mobilier du monde” (Philippe Descola, Les Formes du visible 2022). Elle met en exergue un ensemble de formes "autopoïétique" (i.e. générées par la nature ou indépendamment d'une volonté ; cf. Peter Szendy, Pour une écologie des images 2022). Contenues comme potentielles invisibles dans la matière (pierre, bois), elles sont rendues possibles et révélées par des processus industriels et humains (contreplaqué, mosaïque, ...). Enfin, elle déploie un dialogue entre formes et écriture, une écriture poétique qui cherche à se tenir au plus près du silence, à étirer le temps, en s'associant à un geste de remplissage, de dessin répétitif. Ce processus de dessin inscrit la durée sur la surface même du papier, et la découpe en bloc d'espace-temps telle une bande-dessinée.
hush est un espace où retrouver de l'opacité et de la lenteur, telle la brume donne à l'environnement une intimité, un écho lointain chuchoté, une pesanteur. Où le corps entier semble faire du bruit, déplacer de la matière. Où le mobilier d'un monde mouvant sans cesse surgit, entre spectres familiers et formes éphémères.
Vidéo de l'exposition - commande du CNAP et de l'ADAGP, réalisation Jean-Nicolas Schoeser
Texte de l'exposition - par la commissaire et critique Aude de Bourbon Parme
Cette exposition a eu lieu dans le cadre du programme Suite du CNAP et de l'ADAGP. Elle est la poursuite du travail soutenu par le Cnap en 2021-2022 autour de la notion de naturalisme, à travers notamment les archives de Pierre Restany et Frans Krajcberg (INHA, Archives de la critique d'art de Rennes, Espace Krajcberg Paris) et le Manifeste du Naturalisme Intégral (1978/2013). A partir de cet appel à l'écologie dans l'art et à une sensibilité attentive à la nature, Mathis Berchery a mené une recherche rigoureuse , affective et critique, pour créer l'exposition Les yeux rives. Il a ainsi engagé tout un vocabulaire formel mêlant paysage fragmenté, entomologie, découpage d'espace et d'images, tension entre matière naturelles et représentations, et traitant l'archive comme une matière vivante.
LES YEUX RIVES. Paysage d'archives amazoniennes, A l'invitation des Archives de la Critique d'Art, l'artiste-chercheur Mathis Berchery s'est plongé dans le récit de ce voyage et de cette prise de conscience, qu'il analyse à l'aune des outils intellectuels, anthropologiques et sociaux contemporains. Il explore l'archive "tel un paysage" dans lequel il s'immerge à son tour, et interroge "les manières occidentales", modernes, d'être en relation, de consommer, de percevoir, de représenter, alors que la forêt amazonienne brûle, que les peuples indigènes luttent pour leurs traditions et leur liberté d'habiter la terre comme ils l'entendent, que l'effondrement écologique est omniprésent".
Cette exposition a reçu le soutien du Cnap, de Dos Mares/Ateliers Blancarde, des Archives de la critique d'art de Rennes, de l'Espace Krajcberg, de la Revue Critique d'art International (publication dans le numéro 58).
L'invité, installation et textes, cycle d'expositions 15/30, chez Brieg Huon, 15 rue des Trente, Rennes.
On the Threshold (sur le seuil), Muthesius Kunsthochschule, Kiel, Allemagne.