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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Mathis Berchery

MÀJ 11-09-2023

L'investigation scientifique des nuages naît au début du XIXe siècle avec les premières classifications. En 1802, dans l'Annuaire Météorologique pour l'an X, le naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829) est le premier à classer et à nommer les différentes « formes ou figures » que peuvent prendre les nuages : « Outre les formes particulières et accidentelles de chaque nuage, on remarque clairement que les nuages ont certaines formes générales qui ne tiennent nullement au hasard, mais à un état des choses qu'il est utile de reconnaître et de déterminer. » Une classificiation plutôt poétique, voire affective qui lui vaudra d'être critiqué : "nuages diablotins", "nuages pommelés", "nuages en forme de voile"... En 1803, Luke Howard, chimiste et amateur de météorologie, publie Essay on the Modification of Clouds, avec une classificiation latine, qui sera retenue par la science. 

Le naturalisme, cette conception du monde à l'occidentale, est aller jusqu'à vouloir classer, et donc fixer des phénomènes insaisissables, instables, éphémères et quasiment inconsistants que sont les nuages. Pour tenter de dépasser l'ontologie naturaliste (P. Descola), de la critiquer et d'ouvrir des perspectives qui renouent avec le vivant, l'incertain, l'inclassable, cette oeuvre fait de l'image qui capte le nuage un instant déjà dépassé, dont le sujet qu'on voulait fixer s'évade. Par le dispositif proposé, ces météores impermanents qui fascinent, retrouvent la liberté de recomposer un paysage abstrait, métaphysique, une carte du ciel qui ne se laisse pas contenir dans le cadre du scientifique.

 

Impression numérique sur papier dos bleu, découpage, cadre acier démontable, plexiglas, aimants, éclairage, suspension câble

Exposition personnelle Hush, 2023, Charleville-Mézières, Cnap & Adagp