Cité trouée, t'es troué·e par ta cité bétonnée, 2023
série de 40 photographies (en cours)
J’habite à Brest depuis environ deux ans et ce qui m’a le plus
marqué dans son architecture ce sont le nombre de ses passages
couverts. J’ai donc décidé d’en faire la collection et de prendre en
photo tous les passages couverts, arches, ponts, ou autres « trous»
de Brest. Ce moment correspond à mon obstination pour une
forme, un motif architecturale qui est le pont.
Autour du pont, il y a tout un tas de questions que je me pose.
C’est à la fois un endroit de transition, un dessous et un dessus, une
traversée, un monument d’architecture, une table à manger, table
à cabane, échafaudage...
C’est une porte et un seuil à franchir, ça fait office de séparation et
réunification.
En cherchant dans la ville toute sorte de passages, je me suis
rendue compte de leur nombre sans fin, Brest une ville trouée ?
En arrivant dans cette ville, je savais d’elle qu’il faisait toujours
gris, autant dans le temps que le béton qui y règne, et qu’il y avait
beaucoup de personnes alcooliques suite à la guerre. Cité trouée,
t’es troué·e par ta cité bétonnée.
J’aime me raconter que pour reconstruire Brest, les urbanistes et
architectes avaient tellement la pression en termes de temps pour
loger chacun·e qu’iels ont oublié de penser à la circulation des
humain·es dans cette ville dortoir. Et par conséquent, au dernier
moment iels se sont dit qu’il fallait trouer les bâtiments pour mieux
circuler. J’en suis venue à me poser une autre question, à quel
point l’architecture influe sur les modes de vie, et les vies de ses
habitant·es ? À quel point un peuple est modelé par la ville elle-même
modelée ? On en revient à la question de la poule ou de
l’oeuf... Mais pour le cas de Brest, la ville est reconstruite, ce qui en
fait une ville nouvelle, et marqué par un passé qui gère son présent
en termes d’habitation.