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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Mathilde Chereau

Au bord du rond-point, 2023

branches peintes à la chaux, ficelle, drap

En arrivant à Saint Onen pour la résidence en ruralité invité par la Collective et en rencontrant Christine et Tiffaine je me suis rendue compte que je me sentais dans un espace familier, un milieu similaire au mien. J'ai grandi à Monnières, une commune de 2000 habitant·es. Comme à Saint Onen, tout le monde se connaît, les histoires sont communes et s'entremêlent. Les récits personnels sont très liés aux récits de la commune. Les habitudes de vies, de fête, de loisirs et le rapport particulier à la nature sont ce qui lie sûrement les gens qui ont grandi à la campagne. J'ai immédiatement fait le lien avec mes souvenirs d'enfance. Je me suis rappelée les cabanes que je construisais avec mes cousins ou mes amies. Je me suis intéressée aux récits des cabanes de Saint Onen. Les souvenirs de Tiffaine lorsqu'elle en construisait, les histoires des enfants de Christine qui ont mon âge et les enfants actuels de la commune. Sur 4 générations, les cabanes ont été bâties, détruites, abandonnées.

Il y a aussi les histoires liées à ce préau situé dans le bourg. Il va bientôt être détruit pour laisser sa place à un rond-point. Il faut savoir que Saint Onen, n'a plus d'école primaire mais beaucoup d'entreprises/usines. Les axes de circulations du bourg sont très empruntés et il faut fluidifier le Capital. 

Ce préau est néanmoins le lieu où les jeunes se réunissaient, un lieu de rencontre vivant. Le bourg est grignoté par la route et les voitures. J'ai aussi appris que les cabanes de certains jeunes avaient été détruites par la Mairie à coup de tractopelle il y a 15 ans. Ça m'a immédiatement rappelé l'Avenir à Brest.

Cette pièce fait écho à la vie passée de la commune en se prélevant les matériaux sur les lieux de constructions des cabanes d'enfants, mais aussi à la vie future de la commune et son urbanisme. Une bonne partie des habitant·es sont contre la destruction du préau et l'installation comme occupation d'un jour a failli être refusée.

Au bord du rond-point, est peut-être le dernier événement qui aura lieu sous ce préau, lieu de rencontre et d'échange bientôt détruit par l'état pour le bien de l'économie.