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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Marylise Navarro

MÀJ 26-05-2020

Regarder, se laisser emporter par l'espace de la peinture, sa présence, les choix de son auteur, est une manière sourde de communiquer par les sens, de chercher à arrêter le regard sur un point et de l'inviter à s'y plonger.
La figuration est ici un outil du regard, une première approche qui par la familiarité des sujets appelle le regardeur à s'approcher, à entrer dans l'espace de la peinture. Une fois ce regard immiscé, se dévoile le premier leurre, la peinture présente appelle au souvenir, à la résurgence, à la mémoire collective et à ces croyances, puis cherche à se détacher de cette connaissance, pour révéler son potentiel. L'humour, le détournement, la dérision, sont des moyens d'expression qui permettent une complicité avec le regardeur. La mise en espace des peintures, par le travail d'installation, de display, de série, lors d'expositions, apporte une nouvelle donnée, elle vient souligner à la manière d'un collage, différentes temporalités de la peinture. La facture mute, s'adapte au sujet parfois le trompe, ce qui peut troubler nos repères sur l'auteur, on pense souvent à un travail collectif. Mais ces peintures sont individuelles, ensemble elles forment une multiplicité de point de vue, qui cherche à creer un discours parallèle. Les sujets de la figuration sont puisés dans l'intime, le quotidien, la mémoire collective, l’actualité et l'historique. Ils sont traités quelques fois ensembles, dans une composition ou une installation, quelques fois seul. Le va et vient entre ces différentes échelles de perceptions cherche à questionner les regards que l'on porte et leurs filtres, à les détourner, les dérouter, tout au plus le temps d’une rencontre.

Mon travail de peinture sur des rebus de matériaux de constructions, cherche à extraire la peinture de son format traditionel pour le faire discourir avec un espace plus élargie, potentielement celui du sol, du mur, du plafond et bientôt de l’extérieur. Ce dispositif nous permet de tourner autour, de se pencher voir s’accroupir devant, une posture jouant d’une possible intimité entre le public et le display tout en lui proposant une autre relation à ma peinture, plus décompléxée.
Table rase, Imago, malgrés tout ou le temps de peindre sont trois temps de peintures qui évoquent ce changement: qui passe par une rupture (imago), une fin (Table rase) et un devenir (Le temps de peindre). Cette pratique fait écho à la peinture sur toile que je continue de dévellopper et permet une discussion entre le petit réalisé avec des matériaux pauvres issue d’un présent de villes en mutations ( béton, brique, chutes de bois) et le grand réalisé avec des matériaux dit “nobles” issue d’une forme de passé quant à l’histoire de la peinture (peinture à l’huile sur toile en châssis).

Ce travail  se nourrit de diverses collaborations avec le monde de l'édition, la danse, la radio / etc Où mon regard picturale et mes questionnements interragissent avec différents médiums et temporalités. Ainsi des questionnement sur les flux, les corps, le mouvement, le trauma, l'Algérie et la mémoire collectives, la question des savoirs et de la figure de la sorcière se retrouvent entremêlés dans des rélisations collectives variées.