Les œuvres de Maël Lannou nous immergent dans une univers singulier où l’iconographie du monde rural fusionne avec les mouvements des musiques punk, metal et gothique. Plongeant au cœur du vernaculaire et des contre-cultures, sa démarche explore les traditions, l’identité, l’attachement à un lieu et à une communauté pour définir son propre folklore.
Chaussures en cuir ornées de vis ou vestes à patch révèlent un intérêt manifeste pour la mode et le réemploi. Au genre ambigu et aux noms épicènes, ses épouvantails arborent des costumes inspirés de ceux portés par les peliqueiros lors du carnaval de Laza en Galice. A l’image de ceux qui hantent nos champs, créés avec les moyens du bord dans le but d’effrayer les oiseaux, ces sculptures sont conçues à partir de matériaux recyclés et de vêtements réutilisés. Entre costume traditionnel breton, déguisement de carnaval et vêtement porté par une communauté musicale, ils incarnent une dualité, un choc éclectique entre tradition et avant-garde. Sa démarche artistique explore l’apparat, le costume comme moyen d’expression, de différenciation et d’identification capable de relier les gens. Que Maël Lannou s’amuse avec le folk horror en maquillant des portraits photographiques issus d’archives, ou s’engage dans la production de fanzine, son travail revêt une dimension narrative. En assemblant un caneva du tableau Les glaneuses de Jean-François Millet sur le dos d’un perfecto en cuir, ou en s’inspirant des Nymphéas de Monet ou de La chambre de Van Gogh pour créer un safe space, un jardin imaginaire comme espace d’introspection et de méditation, l’artiste donne forme à son univers intérieur, à la recherche constante d’une iconographie complexe qui s’inscrit dans l’histoire de l’art et de la mode.
Texte écrit par Doriane Spiteri à l’invitation de Documents d’Artistes Bretagne pour BASE, décembre 2023