Fleur bleue
Die blaue Blume
Fleur bleue est une exposition collective en hommage aux romantiques, aux sensibles, aux émotifs et à la poésie. Être fleur bleue, de l’allemand Die blaue Blume (1), c’est parler d’amour, savoir s’émouvoir, se sentir remuer par quelque chose ou quelqu’un.
L’exposition réunit les artistes Louise Aleksiejew, Lucie Férézou, Margaux Janisset, Antoine Medes et Louise Mervelet dans l’espace des Atelier W à Pantin. Nous partageons une certaine forme de sensibilité envers ce qui nous entoure. Une forme qui comprend de la matière et des couleurs. Du papier, de la terre, un espace. De la poudre, des pigments, des émaux. Le contact de la main à la matière est un lien intime indéniable, un jeu de caresse et d’érosion. C’est aussi une étroite complicité à l’eau, à l’humidité, à la viscosité dans tout ce qu’elle a de collante et d’attachante. En ce sens, la viscosité peut se trouver sous plusieurs aspects, par exemple dans la texture d’une peinture, la sensualité d’un baiser, la sexualité, la mollesse d’une sculpture et sa brillance, le rapport au corps...
Nous partageons un regard. Un regard qui se pose beaucoup de question et essaie de regarder d’ailleurs. « Dessiner à partir un autre angle, celui d’une chips dans son paquet par exemple. Que voit-elle ? » (2). Chercher de nouveaux points de vue c’est penser un certain art de dire, un art de voir dans un monde abimé (3). C’est ce que cherche à faire la discipline de l’écopoétique, à l’interstice de la littérature et de l’écologie. Dans ce domaine, l’écriture est la matière en réponse aux incertitudes, au doute et au trouble de ce monde.
« « Trouble » est un mot intéressant. Il vient d’un verbe français du XIII ème siècle qui signifie « remuer », « obscurcir » , « déranger ». Nous vivons des temps perturbants et confus, des temps troublants et troublés - et quand je dis « nous », je veux dire tout le monde sur Terra. Devenir capable d’y répondre, ensemble, dans notre insolente disparité, telle est la tâche qui nous incombe. » (4)
L’histoire du myosotis, qui se trouve être une fleur bleue (sans jeu de mot cette fois) semble être représentative de ce que cette exposition pense transmettre. Elle est aussi appelé le « désespoir du peintre » « oreille de souris » ou « herbe d’amour », porte le nom d’une des naïdes de la mythologie grecque et assujetti à de nombreuses de fictions mélancoliques qu’il faudrait relire avec attention. Ainsi, romantisme, matière, couleur, viscosité, trouble et raconter des histoires, voilà peut être l’idée qui m’a permise de réunir ces artistes dans le projet Fleur Bleue. Prendre du plaisir.
Lucie Férézou, Janvier 2021
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1 Novalis, Henri d’Ofterdingen, 1811
2 Entretient avec Louise Aleksiejew, 2021
3 Marielle Macé, titre du séminaire à l’EHESS, mars 2021
4 Donna J.Haraway, vivre avec le trouble, Editions des mondes à faire, p.7, 2020
Fleur Bleue, 2021
Vue d'ensemble
Installation : Louise Mervelet
Peinture murale : Margaux Janisset
Fleur Bleue, 2021
1, 3, 5 - Lucie Férézou
2, 4 - Antoine Medes
Fleur Bleue, 2021
Lucie Férézou (peinture sur coussin)
Antoine Medes (céramique)
Louise Aleksiejew (dessins fusain)
Margaux Janisset (espace, détail)
Fleur Bleue, 2021
Peinture murale : Margaux Janisset
Dessins : Louise Aleksiejew - Les fleurs coupées / les sacs
Natale, 2021
Papier de soie, snow spray
Dimensions variables
Sans titre, 2020
1 - Peinture sur châssis, satin, silicone, fleurs séchées, moquette
2 - Peinture sur châssis, soie, pollen, teinture nacré