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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Louise Rauschenbach

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The original self is something concrete, measurable, quantifiable… tangible and incarnate ! and I'll find the fucker !

2021, Hôtel Pasteur, Rennes.

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En entrant dans les lieux: la porte sécurisée ouvre sur un local poubelle.
Des murs décrépis, une tuyauterie industrielle et des néons froids.
Une seconde entrée révèle un long couloir étroit, ainsi qu’une dizaine de portes closes.
C’est sans indication que l’ont parvient à débusquer les trois différents espaces d’exposition.

Le premier espace est confiné, l’ensemble des murs recouverts de bâches noires donne le sentiment de se trouver — à l’intérieur de — pénétrant par un boyau de plastique noir, on découvre une construction bancale figurant les vestiges d‘un naufrage dans un espace à l’abandon.

Dans ce lieu de confinement ce cadre contrôlé permet une projection du « moi » où, dans une démarche quasi- psychanalytique sont utilisés les codes de l’angoisse pour décrire l’exploration d’une démonologie intérieure.
La video projetée Estomac 2 déroule une recherche insoluble face à l’hystérie de différents personnages1 cinématographiques. The original « self » (…) emprunte aux récits de ces personnages et se calque aussi sur la vie de l’artiste. Morcelés dans cette video à la fois document et documentaire, ces histoires retiennent particulièrement notre attention vers l’épicentre des émotions: le ventre.

On sort de la salle calfeutrée en s’enfonçant dans le couloir où les lampadaires se rallument à mesure de nos pas et on distingue l’écho du son du dispositif qui nous précède. C’est derrière une porte blindée entrouverte que l’on devine le second espace d’exposition.
À nouveau dans cette salle, l’installation vidéo projetée sur un mur pelé donne une nouvelle identité aux images de moins en moins lisibles, spectrales où le mouvement de la projection et cette peau finissent par se mêler l’une à l’autre.

L’ambiance du dernier espace d’exposition tient d’un video club érotique, un club clandestin, en référence aux univers des strip club des bidonvilles de Total Recall et du porno futuriste I.K.U (Shu Lea Cheang). La pièce baignée d’un rose envahissant donne cette fois le sentiment d’être « à l’intérieur de » plus viscéral. Un aspect charnel se dégage de l’ensemble des productions de l’artiste: boyaux, monstres, morceaux de corps en céramique, objets sculpturaux peints.
La salle au vibrations claustrophobes, s’apparente à un appartement en sous sol, des images en lambeaux sont transférées sur les murs, le plafond est bas. La déambulation est restreinte par des câbles en metal reliant l’ensemble des objets dans un équilibre précaire.
Un voile de plastique se déchire enfin révèle une sorte de radeau échoué éclairé par une simple ampoule ultra violet, des images délavées ont été transférées sur la carcasse: la radiologie d’un cerveau, des virus au microscope et une phrase: « tu es barjo », signe d’une certaine manière la fin de la visite.
Le renoncement d’un dialogue, de n’avoir rien apprit ou comprit de tout ces paradoxes, le constat d’une recherche étouffée par cette réflexion primaire mais certainement plus acceptable et tangible qui s’attribue un refuge dans ces quelques mots.