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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Louise Rauschenbach

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Du vent dans les akènes

2021, Hôtel Pasteur, Rennes.

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L’installation immersive You can’t stay inside all day de Louise Rauschenbach, navigue entre violence intérieure et extérieure qui résulte du discours d’une société hygiéniste et d’un besoin de maitrise des corps en corrigeant la "nocivité" urbaine autant physique que moral. Elle aboutie à une contre-utopie qui prive ses membres de libre examen1.

Au-dedans d’une atmosphère hermétique, la réflexion des murs argentés donne l’illusion d’une voute sans fin. À quelques mètres de l’entrée un assemblage d’éléments organiques et métalliques s’amassent en une présence accidentée. Au travers de cette analogie métaphorique, un environnement dichotome conjugue l’industriel aseptisé et la casse auto.
La vidéo you got to do something est projetée sur une affiche placardée au sommet d’un moulage de bidon d'essence lui même pris dans un amas de ronces et de déchets.
Un condensé de grésillements, de fracas, de scènes de destructions et de surveillances urbaines viennent faire intrusion à l’intime, au monde intérieur.
Une frénésie s’installe dès les premières secondes de visionnage : drones, machines de contrôle, crash, se reflètent sur les murs et nourrissent l’environnement d’un visuel apocalyptique et d’un mal être intérieur car ici règne la névrose noogène2 des personnages.
Tiré de films fragmentés dans le cadre de la réalisation de l’exposition :  Bug (William Friedkin), Tokyo Fist (Shin'ya Tsukamoto) et Clean, Shaven (Lodge Kerrigan) font partie des récits qui appuient la recherche de l’artiste.

Comme souvent dans les installations vidéo de Louise Rauschenbach, l’œuvre numérique tutoie le spectateur et questionne son auteur dans un dialogue intérieur, notamment au travers de textes et d’extraits qui lui font échos : “You can’t stay inside all day, its not healthy. You should get outside, make an effort” fait référence à Clean, Shaven une œuvre qui déconstruit les stéréotypes du trouble schizophrène et traduit l’absurde d’une difficulté de vivre dans ce monde, de se plier à une réalité qui agresse.
Cette réverbération de la projection sur le projet d’installation prolonge le fantasme du personnage de Peter Evans (Bug) qui, sur la vidéo, met le feu à sa chambre d’hôtel, recouverte d’aluminium toute éclairée de bleu, éliminant ainsi les insectes fantasmés qui colonisent son corps pour transmettre ses informations à des structures de pouvoirs.
L’installation vidéo you got to do something se termine par l’explosion sans fin d’un camion rempli de fuel ou alarmes et détonations entrecoupent le dialogue d’un échange téléphonique de l’artiste et de sa mère, la discussion prend la tournure d’un dernier échange incohérent avant l’apocalypse.

En réponse à tout ces assauts, la violence purgatoire transfigure en une production de formes abruptes apparaissant comme autant d’antonymes à l’environnement aseptisé qui les entoure et auquel elles résistent.