« Pour cette nouvelle exposition, Lou Roy s’est immergée dans le contexte immédiat du village, pour explorer les liens sensibles entre le sacré et le rural, et souligner la proximité du corps humain avec le corps animal. »
Extrait du texte d’Eva Prouteau lors de la résidence au Centre d’Art Contemporain de Pontmain 2022
À travers un processus de recherche et d’imprégnation d’un territoire, je questionne les formes de vie qui peuplent un environnement. Exhumer la mémoire d’un lieu à travers la représentation des êtres vivants qui la composent. Chaque vie, humaine, animale, végétale, chaque être de passage devient un sujet d’étude. De l’imagerie anatomique, médicale, vétérinaire en passant par l’Histoire de l’Art, des dialogues se créent. À travers le prisme du temps, de l’héritage, j’interroge notre rapport à la nature, aux êtres vivants qui nous entourent.
« Dans l’art contemporain, (...) ils sont nombreux à prôner les questionnements fondamentaux relatifs à la construction de l’identité humaine, intimement liée à la magie discrète et puissante de l’écologie, aux connexions inter-règnes et au passage du temps. (...) Cette création d’alliances proliférantes avec les êtres autres, non humains et même non vivants, traverse avec subtilité l’exposition de Lou Roy. »
Extrait du texte d’Eva Prouteau lors de la résidence au Centre d’Art Contemporain de Pontmain 2022
Le corps de toute chose comme une enveloppe qui serait la manifestation d’une présence vitale. Dévoilant l’intérieur et laissant entrevoir une part de doute, d’interrogation. Cellulaire, fragmentaire, oscillant entre la figuration et l’abstraction. De la suggestion des formes aux éléments répétitifs et expansifs, les corps sont observés puis décortiqués, examinés, scrutés.
« Lou Roy porte un regard bienveillant sur l’animal, en le débarrassant des projections dont l’homme l’affuble. L’artiste scrute, dissèque, examine puis recompose. L’identité crue de l’animal est exprimée à travers l’exhibition de son anatomie. La minutie du dessin à l’encre ou la rigueur de la broderie, servent le traitement graphique des vaisseaux constituants les entrailles, la chair, les os. »
Extrait du catalogue de l’exposition Révérences écrit par Madeleine Balansino en 2020
Chaque création est un travail de longue haleine devenant l’expression physique d’une présence, le témoignage d’un passage. Le corps s’imprègne du temps et devient une mue, une enveloppe, le reliquat d’une existence.
La vie côtoie la mort, le brut côtoie la poésie, la rudesse côtoie la fragilité... Ainsi, à la lisière des dualités, ce sont des frictions, des incertitudes qui se créent et laissent entrevoir le mystère, la complexité et la poésie du vivant.
Les différentes techniques utilisées (graphiques, textiles, verrières) créent un dialogue et une circulation entre le propos et son expression.
Le dessin pour retranscrire.
Le textile pour reconstituer.
Le vitrail pour sacraliser.
Peu importe la technique, le geste est chirurgical, méticuleux, solennel. La répétition et le rythme de chaque pièce deviennent une métaphore de la vie. Le temps de réalisation entre alors en contradiction avec l’éphémérité des objets obtenus.
Empruntant les codes d’une archéologie, c’est le vivant et son héritage qui sont au coeur des recherches plastiques. Chercher à porter l’attention sur sa fragilité et sa valeur, dans le but de le retranscrire et de préserver les traces de sa mémoire.
Devant des liens qui semblent rompus, le vivant se voit sacralisé. Une esthétique ornementale voire religieuse pour évoquer la futilité de nos existences, et parfois le décalage de notre rapport à l’autre, à la nature. La volonté est ici de réparer, de renouer. Comment témoigner de ces passages, de ces existences, comment garder en mémoire, comment transmettre le sensible. En se questionnant sur notre place dans ce monde, notre rapport aux choses, ce que nous en faisons, ce qu’il en reste, ce que nous transmettons.