Sous le joug, 2022
bâche, couverture de survie, papier
170x100 cm
"Dans la famille des corvidés, on trouve le corbeau, le choucas ou encore la corneille. C’est sur le destin culturel de cette dernière que Lou Roy s’est penchée4 : si l’Antiquité gréco-romaine loue sa sagesse, son intelligence, sa mémoire, le christianisme médiéval la rejette violemment. Oiseau impie qui occupe une place de choix dans le bestiaire du Diable, elle symbolise toutes les forces du mal. Oiseau noir de mauvais augure, le corvidé devient même, dans un sens figuré, un dénonciateur, un auteur de lettres anonymes. De nos jours, cependant, cette famille d’oiseaux semble prendre sa revanche : les enquêtes les plus récentes sur l’intelligence animale montrent qu’elle est probablement la plus intelligente de tous. Les hommes l’ont pourtant qualifiée de nuisible, ce qui revient à un permis de tuer.
Mais quelle est l’espèce la plus nuisible à l’équilibre écologique aujourd’hui ? Partant de ce constat, Lou Roy accroche en façade du centre d’art une large bannière, comme celles que l’on porte haut lors des processions, les jours de pardon. (...) Lou Roy utilise pour la réaliser des matériaux peu nobles : de la bâche agricole, des liens synthétiques, et de la couverture de survie, autrement dit des matériaux qui disent le quotidien et l’urgence de considérer les écosystèmes sous un nouveau jour. Sur la bannière empathique de Lou Roy, message lancé vers l’extérieur, l’oiseau noir rayonne et ensoleille le ciel, comme une colombe sacrée."
Extrait du texte d’Eva Prouteau lors de la résidence au Centre d’Art Contemporain de Pontmain 2022