Près du sang, 2020
Impression sur papier peint, dessin sur calque, bois, 570 x 350 cm
Vue de l'installation Dévêtir un prince lors de l'exposition Révérences, 2020
Dévêtir un Prince
Attribut historique du Prince, et se confondant avec ce dernier, le statut du cheval oscille entre objet et sujet.
Lou Roy porte un regard bienveillant sur l’animal, en le débarrassant des projections dont l’homme l’affuble. L’artiste scrute, dissèque, examine puis recompose. L’identité crue de l’animal est exprimée à travers l’exhibition de son anatomie. La minutie du dessin à l’encre ou la rigueur de la broderie, servent le traitement graphique des vaisseaux constituants les entrailles, la chair, les os.
La puissance des œuvres de l’artiste relève de la confusion entre les registres. L’objet artistique se veut identifiable : un blason, un papier peint en toile de Jouy, une broderie, un vitrail. Ces supports esthétiques traditionnels se révèlent alors peu à peu au regardeur en dévoilant un sujet plus tacite. Le corps est ouvert, le dessin et les couleurs forment des entrailles. L’enchantement fait place à un dégout teinté de fascination. Le répugnant est fardé par le geste artistique, à l’instar du cheval dont la bestialité intrinsèque est dissimulée derrière des cérémonies fastueuses et la majesté d’attitudes inculquées avec autorité.
La pratique de Lou Roy est longue et minutieuse. Les grands formats se révèlent à travers l’encre à le teinte sanguine tandis que la broderie reproduit le geste clinique de la couture. La générosité de ses réalisations tient dans leur fragilité, comme son vitrail éphémère sur papier calque qui, peu à peu, perdra de son encre au contact de la lumière. C’est donc bien une Révérence que l’artiste tire à son prince, symbolisée par le reliquaire, un hommage à sa vraie nature inhérente.
Lors de sa résidence, c’est au côté des soigneurs que Lou Roy a pensé le rapport avec l’Homme. L’installation plonge le visiteur dans un cérémonial chirurgical, détournant ainsi les représentations canoniques du cheval en histoire de l’art. Avec un tracé qui se fait organique, le geste essentialiste de Lou Roy procure ainsi à l’animal une nouvelle noblesse toute primitive.
Madeleine Balansino, extrait du catalogue de l'exposition Révérences, 2020
Motif de papier peint réalisés à partir de dessins sur papier calque
Près du sang, 2022
Vue de l'exposition de fin de résidence à Pontmain © Guillaume Ayer