Léonie Pondevie

La première année de mes errances dans les rues du port de commerce, je ne pouvais décoller mon regard des hautes architectures qui surplombent l’océan. Je trouvais une certaine majesté en ces bâtiments de la laideur, démesurément élevés vers le ciel et inaccessibles. Peu à peu, j’ai baissé les yeux pour observer ce qui semblait davantage à ma portée. Je ne l’ai pas vue tout de suite pourtant elle recouvrait la rue. Le blanc de la taule et le vert tendre des herbes étaient un monochrome terne, couleur poussière.

Port de Kergroise. Les déchargements de soja, de tournesol et de tourteaux de manioc provoquent des nuages de poussière (10 000 tonnes sont déplacées chaque jour). Le plus souvent, ces denrées alimentaires destinées aux animaux proviennent d’Amérique du sud, pays où les cultures sont largement traitées au glyphosate. Des études menées par l’association AIR BREIZH ont montré que des cas d’empoussièrement fort se produisaient ponctuellement, accentués par un régime anticyclonique et un contexte de pollution à grande échelle. Ces études se sont basées sur la norme allemande (qui se situe à 350mg/m² et par jour, seuil dépassé lors des mesures) car il n’en existe de similaire en France. Cette série documentaire met en place un archivage régulier de ce phénomène d’empoussièrement.