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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Léonard Rachex

MÀJ 16-04-2024

Le bureau de développement des créativités - Léon'art, 2023

Exposition pensée avec la commissaire Blandine Bernardin

  1. Cette exposition signe l'inauguration de mon alter ego Léon'art ©
  2. Léon'art © est une entreprise fictive de services et produits pour les acteur.ices de l'art

Texte de l'exposition par Blandine Bernardin :

Bienvenue au Bureau de développement des créativités, où les artistes émergent-e-s trouvent les outils théoriques, spirituels et matériels de leur réussite. Découvrez quel-le artiste vous êtes grâce à notre fiche de profilage. Finies, les journées de travail à un taux horaire qui ferait pâlir d’envie Bernard Arnault dans un atelier sans chauffage : l’expertise du Bureau en self-branding est une rampe vers le succès, les ventes, le solo show, avec au passage une formation à la déclaration URSSAF. Vous aussi, devenez vraiment artiste : la reconnaissance de vos pairs et surtout celle des collectionneurs évinceront tout problème de légitimité, en soi comme en société !

Disruptif mais pas trop, le Bureau sait trouver l’équilibre délicat entre valeurs politiques progressistes et modèle économique adapté aux lois du marché, un exercice de contorsionniste bien connu des artistes. Après tout, quelles perspectives existent en dehors de la vente d’œuvres ? Certainement pas un salaire (pour toustes).

A l’heure des modèles soi-disant pionniers des start-ups et de l’entreprenariat, sur lesquels l’art contemporain n’est pas en retard et même plutôt en avance, le Bureau est rassurant avec ses airs d’administration poussiéreuse. Fantasme du salariat ? Le fauteuil sur roulettes, le porte-copies et les accessoires vendus sur le chemin de la sortie comme autant de remparts à la précarité vertigineuse de la vie d’artiste.

Le néo-libéralisme a depuis longtemps semé les graines d’un capitalisme de soi dans lequel les travailleurs deviennent entrepreneurs d’eux-mêmes, et sont donc leurs propres patrons… et leurs propres esclaves. Si le Bureau est vide, c’est parce qu’en vérité l’artiste y est à la fois client-e et prestataire : personne d’autre n’est là pour exaucer les promesses de succès et de réalisation de soi. Dans le système actuel - carriériste et individualiste - il faut bâtir son propre mythe, et faire sa propre comptabilité.

Alors qu’en sera-t-il, puisqu’il faut se vendre ? Artiste maudit-e, activiste, bricolo…?
You better work bitch.

  • Formulaire FiPMA et carte de Louis Zerathe

Dans l'espace "salle d'attente" se trouvaient les textes de 4 artistes invité.es : Aurélien Catin, Diane Rivoire, Fanny Lallart et Louis Zerathe

crédits photo : Ronald Reyes