Léa Vitally

Les volants se relevaient, Les bouts de tissu me caressaient les jambes, les bras
Le nœud sur ma tête me tombait sur les paupières. Mais ça ne me dérangeait pas.
Ce que je voulais, c’était tourner.
J’avais 5 ans.
On devait assister à un mariage d’un copain de travail de Papa.
Maman m’avait confectionné une robe à volants blancs.

Un ruban aussi, qui lui était plus gros que ma tête
Je ressemblais à une bonne grosse guimauve.
Arrivés aux festivités, Maman ne me quittait pas des yeux.

Elle avait peur que je me salisse, manque de chance, ce moment est arrivé.
Cette fois-ci, j’ai volé.
Je jouais avec les autres enfants, Il y avait la musique Le son de la guitare et d’une voix.
On ne décelait pas tout Je ne décelais pas tout, mais la mélodie me plaisait.

Au début j’étais perdue, Peu à peu j’ai commencé à tourner,
Autour, À l’intérieur, En dehors de moi.
Aujourd’hui, je ne tourne plus.

Je reste.

Sous la terre.
On dit que ce sont les mau vais instants qui nous font nous rendre compte à quel moment on a vécu les bons.
Je pense que les mots peuvent se déplacer.
Ma vie je l’ai vécue.

J’ai protégé, protesté, démarché. J’ai erré dans une réalité qui ne me plaisait pas. J’ai voulu la contrer.

La retourner.

La révolutionner.

J’ai voulu danser.

Tourner.

Finalement à 5 ans, j’étais déjà maîtresse de toutes ces pensées.