Léa Vitally

La ville est devenue ruine. Parfois, il faut survoler des corps.

Les corps des êtres meur- tris, ils ont pourtant essayé de se cacher ici et là.

Ils attendaient souvent à terre, à même le sol, dans la boue, le moment propice pour changer d’endroit.
Pour continuer leur chemin.
Parfois ils ouvraient une porte, celle d’un lieu en- coure soutenue par des poutres.
Ces anciens lieux d’habitations, touchés par les bombes sont pour la plupart réduit à un état de cail- loux, de décombres,où personne ne peut y installer son foyer.

Non ils préfèrent le froid, la pénombre, l’humidité. « Préférer » rester là, non pas un choix, mais une obligation. Où aller quand il n’y a nulle part ou réellement rester?
Disparu en cachette,
Les décombres au sol.
Décombres de corps, traces de passages, traces de vie qui n’est plus.
Où sont passés ces êtres?
Que deviennent ces lieux, inhabités, détruits, perdus sous la poussière des feux de roches, de cendre.
Peut-être qu’ils attendent un signe, quelqu’un pour les remettre sur pieds. Réactiver leur état ini tial.
Quant aux corps, aux restes, ce sont les traces d’une attente. Qu’on leur vienne en aide, qu’on les récupère pour aller vers un ailleurs Ou bien peut-être pour don ner leur dernier souffle.