J’imagine mon travail comme un espace d’hypothèse mauve
duquel émergent des formes cartoonesques qu’on peut voir comme des boucliers,
des cuirasses pour braver l’oubli.
Dans ma pratique, il s’agit souvent de rendre grotesques mes peines, les maquiller, les déguiser,
presser hors d’elles la tristesse, ne garder qu’une douce mélancolie.
Une enclume géante tombe sur une tête de coyote, rien n’est jamais grave.
Nos mort.e.s sont partout, dans les objets, dans les chansons, on s’invente des sacrés qui n’appartiennent qu’à nous.
Sans cesse reviennent les armes de poing et les bijoux.
Pulsions de violence et porte bonheur à caresser, à mon cou, au fond de ma poche.
Il s’agit souvent de raconter mes disparu.e.s,
ce qu’iels m’ont laissé que je chérit, ce dont je ne veux pas mais qui demeure,
ce que j’invente, que j’exagère, que j’exorbite.
Je tente de cohabiter avec mes fantômes, si iels me hantent tant,
c’est bien que je les laisse faire.