Excrémisme, 2020
Céramiques, sculptures en terre cuite, verres soufflés, excréments d'animaux, napperons brodés, miroirs, chaise percée.
Vues d'accrochage, DNSEP, 2020 © Photos : Antoine Lomonech
Manger, mastiquer, avaler, mélanger... L’excrément est le fruit de ces actions. On n’y prête pas toujours intérêt puisqu’elles sont quotidiennes et automatiques. Nous sommes des producteurs incéssants d’excrément. C’est une des activités corporelles qui offre un résultat : un amas de matière, un petit objet palpable. Chaque jour, nous sommes des créateurs de crottes, des designers de pièces uniques suivant les ingrédients qu’on ingère, suivant les états dans lesquels nous sommes.
C’est un objet, un objet vivant. Un objet prêt à «transmuter». C’est ce qui fait d’elle une matière- objet si fascinante. L’excrément est un paradoxe. Un danger et une vertue. Un polluant et un fertilisant. Un poison et un médicament. Il est une trace. Il est là où le vivant est. Les comportements humains face à leurs selles révèlent la manière dont on envisage notre lien avec notre écosystème. C’est là où nous rendons à la terre ce que nous avons pris.
Finalement, l’excrément n’est-il pas l’objet même de la transition ? Un objet qui transmute et qui fait le lien entre divers mondes. Un corps qui a fait son passage, sa traversée. Cet objet est à mes yeux l’élément qui représente le cycle de la vie. Un symbole. On retrouve le rituel, la répétition, l’offrande à la terre. C’est une récompense de ce dont nous avons bénéficié, une redevance et une partie de nous. C’est une croyance, une forme de religion.