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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Julie Defrance

Mon approche créative est proche de la création de chansons : exploration des sentiments que je ressens, que je souhaite ressentir ou explorer, la musique que j'écoute (hyperpop, folk-indé, jazz - beaucoup de Nick Cave, Phoebe Bridgers, Caroline Polachek, FKA Twigs), mes lieux de vie et mes objectifs de vie personnelle, mes réflexions les plus décisives s'y retrouvent. Depuis plusieurs années, elle est remplie d’une grande candeur, volontaire, je me sens «Heureux comme Lazzaro».

C'est une création très pluridisciplinaire, avec une concentration depuis le diplôme sur la peinture à l’huile, et la céramique, notamment la création de bougeoirs.
Le bougeoir est un objet symbolique et politique très présent dans mes dernières peintures également, ainsi que diffférents types de sources de lumières. Le bougeoir est à la fois une émanence classique de siècles et de modes de vie plus romantiques qui m’inspirent, et le symbole de l’individualité, de la singularité - tel que celui de la lueur faible des lucioles décrit dans «La survivance des lucioles» de Didi-Hubermann à propos des lettres de Pasolini - mais également celui de la recherche et de l’observation - de soi, du monde, de soi dans le monde.
Je recherche à comprendre le monde naturel et à établir avec lui une connexion individuelle profonde. Le bougeoir est un symbole de curiosité, de détachement de «l’aveuglante clareté» pour rechercher une vie qui se correspond, et aussi pour observer: «Apprendre à voir», tel que l’explique si bien Estelle Zhong Mengual.

Mais il y a également beaucoup de kitsch et d’humour et de sentiments plus intimes. Le bougeoir peut aussi être l’objet sacré ou magique dont l’allumage correspond à un moment de prière ou d’incantation. Il représente le canal du désir profond et intime à une réalisation. Comme des chansons pop, certaines de mes pièces sont l’expression de sentiments amoureux et de deuil, et peut-être, plus que tout, des envies de communications lointaines, de temps profond, de créer un canal entre moi-même et tout ce qui m'échappe: personnes, lieux, époques, le monde naturel. Ma propre difficulté à m’exprimer autrement qu’en créant et la frustration qu’elle engendre s’y expriment également avec des pièces qui deviennent des météors à lancer vers des planètes lointaines et des coquillages dans lesquels je me suis enfermée qui tanspirent des messages de détresse.