Regarder-Se-Regarder, 2019
... Il y existe aussi une ville d'apparence carrée, haute, pleine des
grands couloirs, des avenues, des ponts, des arbres alignés, des
pigeons, du béton, du métal.... Habitée par la mort, mais aussi par le
mouvement. Là-bas, la mort change tout le temps, mais c'est le continuum de l'existence des êtres étranges qui ressemblent à des objets
carrés comme les bâtiments. Là il y a une loi sacrée, celle des « trois »
lui, il, celui.
Comment bougent ses formes, statiques, carrées, lourdes et silencieuses.
On les voit pendant une vingtaine d’années ou plus dans le même lieu ; Avec ses visages en vitres,
ses portes en fer ou en bois. Ses escaliers en escargot, la texture de sa peau.
Je les vois et je m’étonne parce qu’elles ont aussi une personnalité.
Peu importe sa froideur,
De toute façon elles sont toujours là pour nous protéger du climat, Pour cacher nos
secrets, pour témoigner de nos actes.
Il n’est pas obligé qu’elles parlent de nous,
Mais nous sentons toujours une espèce d’affection parce qu’elles gardent de quelque
manière nos souvenirs...
Un coin, une fenêtre, une porte, la cuisine, le salon, la chambre, la salle de bains, l’entrée...
Comment nous nous racontons des histoires quand nous le voyons.
Et nous, qui les voyons presque tout le temps comme simple matière dans l’espace.
Mais non, c’est la matière qui a gardé pendant quelques moments nos espaces.
Là on se voit tous, parce qu’on en a tous habité.
Elles bougent et se transforment avec le temps,
Et là nous nous regardons, parce qu’elles sont réservées, elles désignent l’intimité de nos rêves.
Elles bougent et se transforment comme se transforme aussi notre vie.