Assiettes, 2019
Céramique et transfert
En parallèle de ma pratique d’artiste, j’ai une activité de collectionneuse. J’accumule ainsi beaucoup
d’objets, d’images que je chine et que je réinjecte au gré des projets dans des installations ou des éditions.
Parmi ces différentes collections, il y en a une que j’aime par dessus toutes, c’est celle d’assiettes. Ce qui
m’intéresse dans l’objet (bien souvent style Fragonnard, représentant des scènes romantiques, exotiques…)
c’est sa forme, idéale pour raconter une histoire. J’aime organiser des dîners, en sortant cette vaisselle, j’ai
pour habitude de choisir avec soin l’assiette de chaque invité. Que ce soit pour l’anecdote ou le dessin, la
forme, la couleur que raconte l’assiette, j’aime l’idée que chacun découvre le message de son contenant une
fois le contenu ingéré. Il y a une dimension ludique presque archéologique dans le fait de découvrir l’image
au fur et à mesure du repas.
J’ai décidé de fabriquer quelques assiettes en céramique. Je n'ai pas réalisé mes assiettes avec une technique classique de moule.
J’ai modelé les assiettes directement à la main, les rendant plus fragiles et rallongeant le processus temporel à cause des
imprévus comme le séchage ou la casse. Une fois les assiettes cuites, j’ai choisi une technique de transfert
pour y apposer mes propres dessins, imprimés au préalable grâce à des micro-particules de céramique.
J’ai choisi de dessiner des scènes de genre typiques de mon adolescence, qui résonnent avec les scènes classiques
des assiettes que je collectionne. Les jeunes paradent, roucoulent, font des burn en T-max ou boxent dans un hall d’immeuble.
Ces images sont typiques de mon vécu entre ennui rural et ZUP de campagne. L’idée était de reprendre des
compositions de scènes populaires, en les revisitant à travers mon expérience des années 2000.
Ainsi , j’ai pu créer un contraste entre un contenant traditionnel et une iconographie actuelle,
plus brute et cohérente avec mon expérience qu’une scène rococo.