Le support du texte ne se limite pas à une référence sensible mais en est partie constitutive. Le texte est aussi la raison d’être de son propre corps. Ce corps est suspendu, léger et frêle, suspendu, à peine visible.
Trois tentures, trois extraits, trois interviews, avec Marinette Petitpas, Marcos Avila Forero, Bernard Planeix.
Les tentures configurent une architecture, d’un espace et d’un temps étiré. Ils s’opposent à l’immédiateté de l’oral des entretiens.
Une phrase ou deux, saisies au vol, arbitrairement, dé-actées. Les personnages disparaissent, image et parole se dissolvent. Chaque lecture connaît une nouvelle traduction. Les phrases n’ont plus de sens déterminé, toute information est hors champ. Cela permet une projection spéculative et une histoire se compose à travers l’assemblage des indices attrapés.
Le temps d’exécution des tentures a été transposé à la parole. L’immédiateté, la spontanéité de l’oral sont figées, retenues sur place. La tenture est confectionnée dans un premier temps, lente à apparaître et à se dérouler, et sa fragilité lui ordonne une constante reconfiguration.
Le texte éclot et on ne peut plus l’ôter de sa toile. L’écriture ici devient le nid de toutes projections, de toutes imaginations et le sens de la phrase alors est dérobé. Chaque détail, de la forme et de la spéculation, revêt à la fois importance et incertitude sur ce réseau complexe.
Cependant, un document est créé à la fin, une transcription qui même si elle n’est pas autonome, est ce qui maintient les tentures à une empreinte de réalité.
Où l'on raconte ce que l'on y verra - travail de diplôme, 2019
Trois tentures, fils argentés, cire teintée, fil de fer, 550*140cm