Icy assemblent la ripvière de la Villaigne et Isle, 2019
Broderie tendue sur chassis
Fils polyester, fils de coton à broder, fils de laine, fils métalliques
Collection FDAC Ille-et-Vilaine
Dans un écrin de verdure, une présence urbaine s’hérisse de tourelles, entre architecture brutaliste et château de contes de fées. Gwenn Mérel s’approprie littéralement la première représentation de la ville de Rennes connue, une miniature pleine page datant de 1543.
Elle brode cette composition de nature englobante et pittoresque, coupée au centre par une ville fortifiée en élévation. Conclusion – et apothéose iconographique – d’une série de 36 vues des Cours de la Vilaine de Redon à Rennes en vue cavalière, cette image, la seule figurant le ciel, évoque un sentiment d’arrivée. Les édifices existants avec la jonction des deux rivières sont détaillés pour y étaler puissance et richesse de la ville.
L’artiste gomme les légendes caractérisant orientation et topographie de cette œuvre de proto-ingénierie, afin de mettre en relief la réalité d’un monde ancien et fantasmé. Les différences de couleurs, de fils et de points amplifient avec poésie et malice, le lyrisme donné au levant, suggérant une aube nouvelle, et qui contrastent avec l’efficacité conventionnelle de la représentation des cours d’eau.
Entre ostentation politique et poésie romantique, le paysage devient chez Gwenn Mérel le faire-valoir, non plus économique mais émotionnel, de la ville.
Texte de Maris CHERFILS