A travers sculptures et installations, Guillaume Le Clouërec poursuit une réflexion sur le détournement ludique d’objets. Inspiré par la bande-dessinée belge et le cinéma de Jacques Tati, il sabote des formes et étire leur contours afin qu’elles s’émancipent de leur fonction utilitaire. Ses œuvres consistant en des gags visuels, l’artiste est toujours à la recherche d’une esthétique efficace. Pour y parvenir, il élabore et polit un alphabet de formes à l’esthétique strict et presque rudimentaire. Évoquant des gabarits non fonctionnels ou des pièces de design bricolées, ses œuvres renvoient à un imaginaire enfantin, espiègle et tendre. Elles évoquent l’oisiveté, le loisir et les vacances. Entre jeu, nostalgie assumée et innocence retrouvée, Guillaume Le Clouërec file ainsi en sous-main la métaphore entre l’approche de l’enfant et celle de l’artiste ; tous deux résistant aux normes standards du travail au profit d’une observation désintéressée, drôle et onirique. Afin de questionner cette dichotomie adulte/enfant, Guillaume Le Clouërec donne vie à des fantasmes grâce aux objets du quotidien. Excitant les sensations vives du toucher ou de la vue, ses œuvres explorent la manière dont l’environnement est sans cesse accueilli et transformé par la perception. Les jeux sur les échelles, couleurs et textures rendent visible, quant à eux, les tentatives par lesquelles l’enfant réconcilie sa physicalité avec son environnement (souvent démesuré), mais aussi par lesquelles les souvenirs d’enfance modèlent constamment la perception « adulte ».
Texte écrit par Julie Ackermann à l'invitation de Documents d'Artistes Bretagne pour BASE, 2021