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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Guillaume Coutances

MÀJ 21-06-2019

La théorie de l'homme désaugmenté 

2018 : des humains se font implanter des puces dans les mains pour utiliser une photocopieuse au travail, ou pour attester de leurs titres de transports valides dans les transports en commun.

Un groupe de personnes se réunit à la terrasse d’un bar. L’une d’entre elles se penche sur portable et durant quelques minutes va être absorbé par son l’écran tactile de son smartphone, répondant à la personne qui va arriver 3 min plus tard.
Une autre va prendre une photo de ses amis puis par un logiciel intégré à la machine déformer leurs figures : les vieillissants, les grossissants, les amincissants, leurs mettant un masque de panda ou de clown.

Un court instant où, bloqué dans un petit écran des téléphones intelligents, la réalité perçue va être malléable et modifiable à souhait.

La réalité augmentée vient s’inclure dans nos rapports à l’Autre, on va faire se faire passer l’objet :
“- Ah bah t’es mieux comme ça”,
“-OUAAIIS, merci...”

Nos doigts glissent et carressent les images sur les interfaces de nos androides. Parfois, on s’en sert de miroir quand l’écran est éteint, notre visage reflété dans l’écran brisé de ces fragiles objets, qu’on a fait tombé deux jours avant, deux jours après l’avoir acheté.
On remet sa mèche de cheveux en place, puis on souffle un peu d’air chaud sur l’écran pour en effacer les traces de doigts que l’on y a déposé sans faire exprès.

Aussitôt prises, les images sont envoyées sur un gros cloud, nébuleuse virtuelle contenant l’atlas des vies de milliards d’invidus.
On se plussoie instantanément, validant notre insertion et notre présence dans la communauté.

L’idée de l’homme augmenté est celle d’un homme qui par la transformation de son corps et de son être-au-monde vaincra la mort.

L’organique et le vivant fusionnant avec les machines.

Peaux de plastiques, battements de coeurs électroniques. Des yeux-capteurs aux micropuces implantées qui modifient les perceptions.

Données transmises aux cerveaux assistés par ordinateurs : immédiatements relayées à d’énormes data center qui analysent nos goûts, nos habitudes de consommations, régulants nos désirs et nos envies. Analysant nos pensées. Nous indiquant ce que nous préférons, ce que nous désirons, ce que nous devrions désirer en fonction des stocks disponibles.

Ma pratique existe quelque part au milieu de tout cela, comme des morceaux de choses fantômatiques et fantasmagoriques.