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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Fanny Gicquel

MÀJ 16-10-2023

do you feel the same, 2021

exhibition-performance, 45 mn
A collaboration with choreographer Alice Heyward
Performed by Alice Heyward, Thanos Frydas,Mickey Mahar, Luísa Saraiva,Leah Marojević; and Leah Katz.
Composer: Delawhere
Picture: © Timo Ohler, © Robert Rieger
Video:Agustin Farias
Exhibition at Hua International, Berlin, 15 March-June 2021


the tears of what we lost, 202, steel, white painting, biological sponge,gouache, bottle of water, variable dimension
do you remember when you started to forget, 202, paraffin, dirt, variable dimension
to catch our colored shadows n°1-4, 2020-2021, cotton, brass, variable dimension
these black lines that hide the truth from us n°1-2, 2018-2021, steel, thermic paper rolls, variable dimension
the straps n°1-4, 2021, linen, parafin, hair, cigarette butt, talc powder, 6m
abstraction of an ordinary space n°1 -4, 2020-2021, steel, aluminium, 202x140cm
fingers are like eyes, 2021, steel hole, talc powder , 16mm diameter | Edition of 25
ornament from your body:head/pelvis/shoulder, 2020-202, glass, rope, fabric, paraffin, hair, cigarette butt, adjustable dimensions

Texte d'exposition par Jesi Khadivi (2021)

Fanny Gicquel imagine le monde moins comme un espace d'entités discrètes et cloisonnées que comme une constellation dynamique d'entremêlements, de croisements et d'interférences. Conçue en étroite conversation avec la chorégraphe Alice Heyward, l'exposition-performance Do you feel the same articule une série de constellations sculpturales-performatives qui prennent la forme de trois «corporalités» - salle du corps de la machine / salle du corps des rêves / salle du corps de la mémoire - toutes mettent en avant différemment la primauté de l'isolement et de la connexion, et les glissements entre ces états.


Le philosophe Jean-Luc Nancy décrit le corps comme une limite, un déroulement, un lieu où les choses se passent. «Les corps ne sont pas une sorte de plénitude ou d'espace rempli», écrit-il, «ils sont un espace ouvert, impliquant, en un certain sens, un espace plus proprement spacieux que spatial, ce que l'on pourrait aussi appeler un lieu. Les corps sont des lieux d'existence, et rien n'existe sans un lieu, un là, un «ici», un «ici est», pour un «ceci». »Cette frontière, la limite où le corps prend place, comme le soutient Nancy, apparaît dans l'œuvre de Fanny Gicquel comme une zone malléable qui négocie perpétuellement ses bords ou ses limites. Quelle est la relation entre votre intérieur et votre extérieur? Avez-vous déjà rêvé de vivre dans une maison aussi grande que votre corps? Pensez-vous que la mémoire devient du sang dans notre corps? De telles questions émergent à travers un dialogue ouvert entre les interprètes alors qu'ils sculptent des marques abstraites dans de grandes plaques de paraffine ou les décomposent en fragments plus petits dans la salle du corps de la mémoire. Dans l'espace de cette pièce fraîche et monochrome, ces réflexions générées en collaboration puisent dans un bassin de mémoire qui brouille les distinctions entre individuel et collectif, intime et générique. Des formes textiles abstraites entrelacées pendent de deux ensembles d'armatures en laiton incurvées dans la salle de rêve / corps de rêve. Il y a quelque chose de vaguement corporel dans ce délicat enchevêtrement de formes, comme des écheveaux de vêtements de détente déconstruits qui conservent encore une trace de la chaleur de leur porteur. Dans la salle des machines / corps de la machine, des œuvres en verre et en tissu suspendus entourent quatre sculptures en acier à cadre ouvert qui proposent des contours squelettiques d'un espace de vie domestique. Les interprètes jouent des séries de gestes familiers et automatiques parmi ces objets qui semblent pourtant avoir perdu leur référent: s'accroupir, se tordre, presser, tourner. Cette salle du corps, comme l'ensemble du projet, est un organisme vivant, un espace à habiter, sans cesse reconfiguré par le mouvement et le toucher. Comme l'écrit Nancy, «le corps fait place à l'existence». Les situations sculpturales et gestuelles éphémères qui se déroulent ici interrogent et révèlent une porosité, une ambiguïté entre l'intime et l'impersonnel, l'intériorité et l'extériorité, la vie éveillée et le rêve pour venir habiter dans l'espace entre ce qui est caché, ce qui est partagé, ce qui est la sienne, et ce qui est commun.

Exhibition text by Jesi Khadivi (2021)

Fanny Gicquel imagines the world less as a space of discrete, partitioned entities than as a dynamic constellation of interminglings, crossovers, and interferences. Conceived in close conversation with the choreographer Alice Heyward the exhibition-performance do you feel the same articulates a series of sculptural-performative constellations that take the form of three “corporalities”—machine body room/dream body room/memory body room—all of which differently foreground the primacy of isolation and connection, and the slippages between these states.


The philosopher Jean-Luc Nancy describes the body as limit, an unfolding, a place where things happen. “Bodies aren't some kind of fullness or filled space,” he writes, “they are open space, implying, in some sense, a space more properly spacious than spatial, what could also be called a place. Bodies are places of existence, and nothing exists without a place, a there, a ‘here,’ a ‘here is,’ for a ‘this.’” This border, the limit where the body takes place, as Nancy argues, appears in Gicquel’s work as a malleable zone that perpetually negotiates its edges or boundaries. What’s the relationship between your inside and outside? Do you ever dream of living in a house as big as your body? Do you think memory becomes blood in our bodies? Such questions emerge through an open-ended dialogue between performers as they carve abstract markings into large slabs of paraffin or break them down into smaller fragments in the memory body room. In the space of this cool, monochrome room, these collaboratively generated reflections draw upon a pool of memory that blurs the distinctions between individual and collective, intimate and generic. Interwoven, abstract textile forms dangle from two sets of curved brass armatures in the dream room/dream body. There is something vaguely corporeal about this delicate tangle of shapes, like skeins of deconstructed lounge wear that still retain some trace of the warmth of their wearer. In the machine room/machine body, suspended glass and fabric works surround four, open-frame steel sculptures that propose skeletal outlines of a domestic living space. The performers enact series of familiar, automatic-seeming gestures among these objects that nonetheless seem to have lost their referent: squatting, twisting, pressing, turning. This body-room, like the entire project, is a living organism, a space to be inhabited, continually re-configured through movement and touch. As Nancy writes, “the body makes room for existence.” The fleeting sculptural and gestural situations that unfold here question and reveal a porosity, an ambiguity between the intimate and the impersonal, interiority and exteriority, waking life and dreams to come to dwell in the space between what is hidden, what is shared, what is one’s own, and what is common.