NON FONGIBLE PESTACULO MANIFESTO
Première articulation
L’action pestaculaire pourrait être un éternel soubresaut de la vie contre la mort.
Nos pestacles pourraient être autant de célébrations de la vie dans un monde qui meurt. Le jeu, la danse, la musique, la performance, la poésie sonore et toutes les pratiques artistiques vivantes, c’est-à-dire contrecarrant la reproductibilité technique y seraient les bienvenues. Les autres arts, mortifères, y seraient enfin activés en dehors des charniers que sont nos musées. Nos pestacles pourraient être des variations de la fête, du festival, du carnaval, de la teuf, de la rave, de toutes les manifestations bourrées de vie.
Seconde articulation
L’action pestaculaire pourrait être un râle du groupe contre l’individualisme.
Nos pestacles pourraient faire travailler et rémunérer le plus de personnes possibles. Associés à d’autres compagnies nous pourrions proposer des pestacles simultanés à des échelles ultra-locales et mondiales, créant la sensation d’évènement culturel global et singulier (façon coupe du monde). L’intrication mondiale (la simultanéité et l’immédiateté du monde), se fait sentir dans les crises écologique, économique, sanitaire, et sociale. Le théâtre post-mondialisation pourrait être à sa manière une crise d’épilepsie mondiale intermittente, une vibration simultanée.
Tiers articulation
L’action pestaculaire pourrait être un geste de dépouillement matériel et d’abondance culturelle.
Nos pestacles pourraient révéler l’obsolescence du naturalisme et l’ennui du quotidien sur scène en regorgeant d’inventions (scéniques, comportementales, chorégraphiques, rythmiques...). On pourrait y voir des êtres humains quitter leur humanité, s’animaliser, se déifier, s’objetiser, se robotiser, s’élémantaliser, s’hybrider. On pourrait tout faire pour qu’on ne s’emmerde pas à voir nos pestacles, plutôt que d’y faire résonner l’emmerdement de la vie bourgeoise. Un monde catastrophé n’est plus un monde où l’on s’ennuie, mais où tout est excitation et stimulation, du panneau clignotant Ikea en bord de route, à la forêt du coin qui brûle.
Quarte articulation
L’action pestaculaire pourrait être une indéfectible affirmation de la liberté.
Nos pestacles pourraient être émancipatoires comme les pestacles qui nous ont façonné. Ils pourraient être des déploiements de mondes allégoriques où l’on y étudierait comment advient le vivant, sous quel forme advient le libre. Un geyser ? Un cristal ? Un halo ? Un hurlement ? Un trop-plein ? Un trou ?
Quinte articulation
L’action pestaculaire pourrait être un acte de résistance au monde.
Nos pestacles pourraient déclencher des échauffourées. Nos pestacles pourraient être des résistances électriques au circuit des récits capitalistes. Le parquet pourrait prendre feu de manière répétée, nous comprendrions alors la présence des extincteurs, des défibrillateurs, des agents de sécurité et du plan Vigipirate, car les lieux de représentation seraient occupés par des fakirs marchant sur des charbons ardents.
Aleister Azzuli.