Présumées coupables, 2019
En novembre 2018, en réaction à l'écoute de l'émission de Kathleen Evin sur France Inter « D'Ève à la femme tondue à la Libération, les femmes sont- elles depuis toujours “Présumées coupables” ? », j'ai commencé à collecter des images de corps de femmes. De ces images, je retirais des détails, ceux qui pour moi faisaient écho à ce prétendu « corps criminel ». Je me suis ainsi penchée sur quatre grands archétypes de femmes présumées coupables par excellence : la sorcière, l'empoisonneuse, l'infanticide, et la traîtresse. J'associais chacune à un détail physique : une imperfection pour la sorcière, en écho à la recherche de la marque du diable sur son corps, les mains pour l'empoisonneuse, prétenduement privée de force physique et recourant à des moyens détournés pour arriver à ses fins, le sein pour l'infanticide, pour marquer le refus de la maternité, et pour finir les cheveux pour la traîtresse, accusée de séduction et punie par la tonte.
À force de manipuler les images des autres, j'ai eu envie de créer les miennes. J'ai donc commencé par faire des séries à l'argentique, pour me rapprocher du grain de la peau et de ses aspérités, à la lumière naturelle, dans l'espace intime d'une chambre. Puis j'ai voulu essayer la photographie numérique en studio, avec un éclairage artificiel, pour tenter de capter au mieux les détails de ces corps, pour tendre vers des poses plus dynamiques.
Présumées coupables, 2019
This project is about women and their body, and most of all about the way these bodies has been seen through ages as evil.
I first heard about an exhibition at the National Archives in Paris, called “Présumées coupables”. Through multiple reports of female crimes from the Middle Age to the 20th century, the exhibition shows that women have been, before any proof of guilt, considered as guilty and have no presumption of innocence, unlike men. The exhibition is built on several archetypes of female criminals among which the witch, the infanticidal, the poisoner and the traitress.
I decided to focus on these four archetypes and show that in all of these suspicions lays an injonction against what these women do with their body. I wanted to show precise parts of it. For example, the hands represent the poisoner, because most of the time women were suspected of poisoning because they weren't able to use strength. The witch is represented by details of imperfection on a skin, because witch are supposedly wearing the mark of the devil, hidden in a mole or a scar that cannot feel pain. The infanticide is seen as someone who refuses maternity (breast), as the traitress is accused to seduce the enemy (hair). I first tried analog photography in an intimate space with natural light, and then digital photography in studio with artificial light to capture more details of the skin.