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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Eléonore Ferret

Mon travail puise ses racines dans les histoires entendues, un héritage certain qui varie selon chaque individu. Les récits de mon enfance ont aujourd’hui une influence considérable en raison de l’affect qui leur est attaché. Des croyances contemporaines aux fables païennes, je cherche à confronter ces mythologies qui ont été à la base de nos sociétés actuelles, les remettant ainsi en question. À travers mes installations, j’essaie de questionner notre relation au monde, à l’autre et notre positionnement, et ainsi d’imaginer une nouvelle façon de penser, en créant un espace immersif et rassurant, une oasis matriarcale.

Je joue avec un support mouvant qui m’offre de multiples possibilités, m’exprimant à travers les couleurs et les motifs qui constituent mon vocabulaire pictural. Ce dernier s’applique sur la toile, un matériau riche tant par sa forme première que par sa transformation ultérieure. La manipulation est l’exercice central de mon travail / pliant, teintant, froissant, trempant, essorant, impri- mant, étendant et déchirant /

Le textile est un élément inhérent à notre histoire, je crois que c’est de là que naît ma passion pour lui. De sa création à son héritage, je découvre continuellement les multiples facettes de ce matériau. À travers sa manipulation, j’intègre tout un artisanat qui s’infuse en moi / kakémonos japonais, tapis de prière musulmans, shibori, jupes péruviennes, kimono, étendoirs /

C’est grâce à ma pratique de la teinture que je découvre sa version naturelle. En effet, fatiguée d’utiliser des composants toxiques, je développe mon proces- sus créatif en utilisant des outils inoffensifs et renouvelables. Entre sorcière et magicienne, consciente de l’importance d’un monde respectueux, je donne une place primordiale à la couleur naturelle / hâchant, bouillant, filtrant, chauffant, rinçant et séchant /

La frontière entre l’art et l’artisanat est sujette à questionnement, tout comme celle entre l’art et le décoratif, et j’aime personnellement brouiller ces frontières. Je m’amuse avec ce patrimoine textile autrefois dédié aux femmes et aux loisirs créatifs, longtemps relégué au second plan. Cette succession demeure présente dans les pratiques artistiques contemporaines. Ainsi, je puise dans cet héritage puissant, considérant cela comme un devoir à accomplir, me postant en observatrice sensible de ce qui m’entoure.

J’aime donner vie à des contes oubliés, raviver des souvenirs et rappeler des spiritualités tout en créant mes propres cosmologies, proposant ainsi une autre perspective du monde. L’héritage d’un savoir, artisanal ou mystique, est l’acteur principal dans mon travail.