Fascinée par l'harmonie des formes naturelles autant que par leur variété, ma recherche plastique consiste à retrouver les conditions présidant l'émergence des formes et des géométries naturelles. Je me suis intéressée à des formes telles que l’arborescence, le rhizome ou encore la cellule et le cercle. Mon travail oscille entre soumission aux propriétés physico-chimiques de la matière dans un rapport intrinsèque à la nature et à ses lois, et contemplation imaginative et poétique. Durant mon mémoire de recherche de cinquième année, j'ai donc travaillé naturellement sur la notion de « forme ». Ce concept est, pour moi, un concept « passeur ». Ma méthode de recherche fonctionne de manière analogique et métaphorique, ou autrement dit, par ressemblance structurelle entre différents concepts, objets et idées. Ce qui m'a conduit à explorer des domaines de connaissances variés autant dans le domaine empirique que dans, celui, plus abstrait, des idées. De la philosophie de la nature, en passant par la dendrologie, la morphogenèse chimique et mathématique, la cybernétique, les sciences cognitives, les fractales, le dessin, la sculpture, la photographie et la poésie, j'ai acquis un intérêt marqué pour la pluridisciplinarité et notamment entre la philosophie et les sciences. Je m’intéresse cependant à des scientifiques qui abordent les sciences d'un point de vue qualitatif et non seulement quantitatif. Notamment, d'Arcy Thompson, René Thom, Ilya Prirogyne, Jean Petitot, Jean pierre changeux, Edgar Morin et Fransico Varela en tant qu'ils ont défendu une science philosophique, qui soit davantage une recherche d’intelligibilité plutôt qu' une science dirigée vers la prédiction et le contrôle de la nature. L’objectif de mes recherches est d'élaborer une sorte de « réenchantement » du monde par retissage des liens entre la science et la poésie, entre l'humain et son milieu.
« À la différence des arbres ou de leurs racines, le rhizome connecte un point quelconque avec un autre point quelconque, et chacun de ses traits ne renvoie pas nécessairement à des traits de même nature, il met en jeu des régimes de signes très différents et même des états de non-signes. Le rhizome ne se laisse ramener ni à l’Un ni au multiple. »
Gilles Deleuze et Felix Guattari, Mille Plateaux
Les vues partielles n’ont qu’une exactitude de petitesse. Le microscope est grand parce qu’il cherche le germe. Le télescope est grand parce qu’il cherche le centre. Pour bien voir l’homme, il faut regarder la nature ; pour bien voir la nature et l’homme, il faut contempler l’infini. Rien n’est le détail, tout est l’ensemble. À qui n’interroge pas tout, rien ne se révèle.[...] Il n’y a pas une loi extérieure et une loi intérieure. Le phénomène universel se réfracte d’un milieu dans l’autre ; de là les apparences diverses ; de là les différents systèmes de faits, tous concordants dans le relatif, tous identiques dans l’absolu. L’unité d’essence entraîne l’unité de substance, l’unité de substance entraîne l’unité de loi. Voici le vrai nom de l’Être : Tout Un. Le labyrinthe de l’immanence universelle a un réseau double, l’abstrait, le concret ; mais ce réseau double est en perpétuelle transfusion ; l’abstraction se concrète, la réalité s’abstrait, le palpable devient invisible, l’invisible devient palpable [...] de l’immatériel au matériel la fécondation est possible ; ce sont les deux sexes de l’infini ; il n’y a pas de frontières ; tout s’amalgame et s’aime ; flux et reflux du prodige dans le prodige ; mystère, énormité, vie."
Victor Hugo, post scritum de ma vie