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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Coline Dupont

Géologie inversée
2018

Si les choses formes un monde, c’est parce qu’elles se mélangent sans perdre leur identité.*

J’entreprend une récolte des « laissés pour-compte ».
Passés de la matière, à la forme, à l’utilitaire, au décoratif, à l’encombrant, dans un processus de transformation je tente de les réintégrer dans un cycle qui avance. Par la fonte, ils retournent à état de matière ; se réinscrivent dans un commencement. Puisque dans les fours des métallurgistes - au cours des réactions chimiques - rien ne se crée, rien ne se perd**. Ce n’est pas une disparition ou désintégration mais un retour à l’espace des possibles.

Là où aucun mouvement, aucune action, aucun choix ne sont possibles, rencontrer quelqu’un ou quelque chose est possible exclusivement à travers la métamorphose de soi.*

Sujet de convoitise, symbole de richesse, de résistance au temps, à l’oubli et au vieillissement, je tente à défaire ce poids qu’on lui a attribuer, à lui rendre la malléabilité de la matière vivante. C’est par la terre que nous l’avons exploité, c’est dans la terre qu’ils seront coulés. Ma récolte se fait au près de ces lieux où convergent et sont redistribuer les objets ; Les ressourceries. Ceux qui me reviennent sont les irréparables. Je ne m’en fait pas la propriétaire ou la bénéficiaire. Inspiré du travail des plantes qui permettent à la matière de devenir vie et à la vie de se retransformer en matière brut, mon geste est celui du·de la passeur·euse.

 

* La vie des Plantes, Une métaphysique du mélange, Emanuele Coccia, Bibliothèque Rivages, 2016
** Lavoisier