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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Benjamin Halimi-Brandani

MÀJ 06-09-2024

     Mon travail se construit au fil du temps comme un puzzle où des éléments s’imbriquent et proposent un enchaînement de situations. Ceux-ci s’associent souvent au lieu dans lequel je les assemble. J’y invente de nouvelles règles, des inversions, des retournements et joue ainsi avec les matériaux puisés çà et là. Parfois, je les maquille, les patine comme pour travestir leurs provenances, leur prise au réel.

Le cours du temps, dont les occidentaux en saisiront toute l’importance au XIXe, devient dès lors un phénomène à théoriser, et à maîtriser. Durant cette même période, le temps devient ce que l’on voudrait gagner ; comme on gagnerait du terrain, et à étirer ; comme on étirerait une matière jusqu’à qu’elle rompt. Pour ma part, j’essaye de trouver, lors de ma production et de ses étapes, un rapport au temps antérieur à tous ces grands changements, pour en quelque sorte le redécouvrir. Ce rapport à la production, sa rapidité ou sa lenteur, au geste et à la technique a fait naître en moi un intérêt pour la question de l’outil, des ressources et des énergies. Je pioche leur représentation dans des récits ou des archives autour du folklorique, de l’anecdotique ou d’activité anthropique telle que la pêche, la tauromachie, les grandes explorations ou les diverses tentatives de domestica tion des fleuves. Je retiens de ces objets une relation entre nos corps humains et un usage par ticulier dans les appréhensions d’un monde pluriel. L’outil peut être vu comme un moyen de travail, de communication, de protection, de lutte, d’émancipation, d’amusement, de violence, d’exploitation, de création, d’assujettissement, de ré f lexion. Les ressources et les énergies, comme des choses à extraire, s’accaparer, rechercher, épuiser, économiser, partager.

J’use d’une variété de médiums, allant du dessin à la sculpture, de l’installation à la vidéo. Je construis et monte des corpus. J’opère des allers-retours constants entre mes sources documentaires, les récits et les matériaux utilisés. Il peut se produire des confluences entre ces groupes, des évolutions parallèles ou la création de sous-parties en leur sein.

Certaines pièces se confondent dans des accessoires, des manipulations et des totems que je réinterprète et crée. Il se joue entre ces objets et leur installation, une narration qui sera le déclenchement propice d’une sensation, d’une mé moire, d’un rite.