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Documentation d'artistes diplômés de l'EESAB, 2015 - 2021

Benjamin Halimi-Brandani

Mon travail se construit au fil du temps comme un puzzle où des éléments s’imbriquent et pro- posent un enchaînement de situations. Ces situations s’associent souvent au lieu dans lequel je les assemble. J’y invente de nouvelles règles, des inversions, des retournements et je joue ainsi avec les matériaux puisés çà et là. Parfois, je les maquille, les patine comme pour travestir leurs provenances, leur prise au réel.

Le cours du temps, dont les occidentaux en saisiront toute l’importance au XIXe, devient dès lors un phénomène à théoriser, et à maîtriser. Durant cette même période, le temps devient ce que l’on voudrait gagner ; comme l’on gagnerait du terrain, et à étirer ; comme l’on étirerait une matière élas- tique. Pour ma part, j’essaye de trouver, lors de ma production et de ses étapes, un rapport au temps antérieur à tous ces grands changements, pour en quelque sorte le redécouvrir. Je me sers de toute une iconographie, lié à l’Histoire et aux histoires, constituait au cours des siècles comme socle à mon imaginaire. Je m’efforce ainsi de le connecter au mien - le présent - et cela en engageant mon énergie physique dans le volume, le dessin et la vidéo.
Ce rapport à la production, sa rapidité ou sa lenteur, au geste et à la technique a fait naître un intérêt en moi pour l’outil. Pouvant aller de la nasse de pêcheur à la turbine hydraulique.

Je retiens de ces objets une relation entre nos corps, humain et un usage particulier dans des ap- préhensions du monde pluriel. L’outil est un moyen. Un moyen de travail, de communication, de protection, de lutte, d’émancipation, d’amusement, de violence, d’exploitation, de création, d’assu- jettissement, de réflexion. Dans mes productions, l’outil se confond parfois avec l’accessoire, voir le totem. Il va se jouer alors entre cet objet et son installation, une narration qui sera le déclenchement propice d’une sensation, d’une mémoire, d’un rite.