L'uniforme et le migrant, 2018
Série photographique, dans le cadre du Contrat Local d'éducation Artistique, communauté d'agglomération du pays de Saint-Omer.
Dans le cadre d’une résidence auprès des migrants accueillis par France Terre d’Asile la question des frontières a été abordée. Les frontières ne s’estompent pas lorsque les obstacles physiques ont été dépassés. Et ces frontières mentales sont de loin les plus complexes à franchir. Les jeunes hommes ne désiraient qu’une chose: disparaître, se fondre dans le décor et quoi de plus efficace pour être dissipés dans la masse que l’uniforme:
-«uni»- «forme»: une seule forme de même aspect
-«uni»- «forme»: qui présente partout et toujours la même forme
-«uni»- «forme»: simplicité voire ennui
-«uni»- «forme»: ensemble dans un tout
Si la République a choisi pour ses représentants l’uniformité c’est bien pour faire prévaloir l’un des principes fondamentaux de la démocratie: l’égalité. Paradoxalement, la démocratie et ses représentants sont en souffrance voire en crise et les uniformes plutôt malmenés... Que dire en effet de ces policiers qu’ «on» caillasse? De ces gardiens qu’ «on» agresse? De ces médecins qu’«on» insulte? De ces élus qu’«on» méprise?
Conscients ou non de ces paradoxes, les participants ont changé de peau en revêtant l’uniforme afin de mettre au placard le passé, de se laisser le droit à un a-venir et d’être comme monsieur tout le monde. Pris en photographie dans les espaces liés aux méties représentés par l’uniforme, l’anecdote veut que les passants aient crus qu’ils étaient médecin ou encore représentant des forces de l’ordre...